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LE SOVIET DE PÉTROGRAD

vertu d’une entente avec le Gouvernement provisoire, elle se réserve le droit de faire des communications directes à l’étranger[1]. Le 24 avril (vieux style), la section des Affaires extérieures envoie, par l’intermédiaire de l’Agence télégraphique de Pétrograd, une communication en Grande-Bretagne, en France, en Italie, en Suisse et en Suède, par laquelle elle invite les représentants des majorités et des minorités socialistes à se rendre à Pétrograd. En même temps, par l’intermédiaire du ministère des Affaires étrangères, elle adresse aux Gouvernements britannique, français et italien, une dépêche ainsi conçue : « Le comité exécutif du Soviet exprime l’espoir que les Gouvernements… prêteront tout leur appui pour seconder le voyage de Russie aux délégués invités par le comité exécutif à Pétrograd du parti social-démocrate et des représentants des partis ouvriers… »

Le 26 avril, la même section a fait connaître en Grande-Bretagne, en France, en Italie et en Suède la décision du comité du Soviet de convoquer une conférence internationale dans un pays neutre. En mai, le comité a publié un nouvel appel aux socialistes de tous les pays, pour exposer le programme de la future conférence. Le document débute comme suit :


La Révolution russe est née dans la tourmente de la guerre mondiale. Cette guerre est un crime monstrueux des impérialistes de tous les pays… La Révolution russe est une révolution de travailleurs, d’ouvriers et de soldats ; elle n’est pas seulement une révolte contre le tsarisme, mais aussi contre les horreurs de ce massacre universel… Ce n’est pas seulement une révolution nationale, mais aussi la première étape d’une révolution internationale qui mettra fin à l’opprobre de la guerre, qui rendra la paix à l’humanité. Dès sa naissance, la Révolution russe a consciemment poursuivi cette tâche… La démocratie révolutionnaire de Russie ne veut point entendre de paix séparée qui laisserait les coudées franches à la coalition austro-hongroise. Elle sait qu’une pareille paix serait une trahison à la cause de la démocratie de tous les pays qui se trouverait livrée pieds et mains liés à l’impérialisme triomphant. La Russie sait qu’une pareille paix amènerait la défaite militaire des autres pays et établirait pour longtemps en Europe des idées de revanche, la laisserait hérissée de baïonnettes comme elle l’était après la guerre franco-allemande de 1870 et rendrait inévitable une nouvelle guerre dans un avenir

  1. Voir Bulletin du Soviet, no 22.