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LITTÉRATURE ÉTRANGÈRE.

expliqué brièvement, est de trop dans les romans historiques. Le baron a été aussi plus heureux dans d’autres sujets mieux choisis. Son histoire de Sintram et de ses compagnons est admirable ; son Ondine ou naïade est ravissante. Le malheur de l’héroïne est réel, quoique ce soit le malheur d’un être fantastique. C’est un esprit élémentaire qui renonce à ses privilèges de liberté pour épouser un jeune chevalier, et dont l’amour n’est payé que d’ingratitude. Cette histoire est le contraste, et en même temps le pendant du Diable amoureux de Cazotte, et du Trilby de Charles Nodier, avec toute la différence qui distingue le style chaste de Trilby et d’Ondine de la frivolité un peu leste de leur spirituel prototype.

Les nombreux romans publiés par le baron La Motte-Fouqué nous conduisent à travers les âges encore obscurs de l’histoire ancienne jusqu’aux obscures limites des vagues traditions, etc. Sous son pinceau fécond naissent de ces scènes intéressantes qui rappellent en quelque sorte celles de l’épopée.

Le goût des Allemands pour le mystérieux leur a fait inventer un autre genre de composition, qui peut-être ne pouvait exister que dans leur pays et leur langue. C’est celui qu’on pourrait appeler le genre fantastique, où l’imagination s’abandonne à toute l’irrégularité de ses caprices, et à toutes les combinaisons de scènes les plus bizarres et les plus burlesques. Dans les autres fictions où le merveilleux est admis, on suit une règle quelconque ; ici, l’imagination ne s’arrête que lorsqu’elle est épuisée. Ce genre est au roman plus régulier, sérieux ou comique, ce que la farce, ou plutôt les parades et la pantomime sont à la tragédie et à la comédie. Les transformations les plus imprévues et les plus extraordinaires ont lieu par les moyens les plus improbables. Rien ne tend à en modifier l’absurdité. Il faut que le lecteur se contente de regarder les tours d’escamotage de l’auteur, comme il regarderait les sauts périlleux et les métamorphoses d’Arlequin, sans y chercher aucun sens, ni d’autre but que la surprise du moment. L’auteur qui est à la tête de cette branche de la littérature romantique, est Ernest-Théodore-Guillaume Hoffman.

Walter-Scott.
000000TOME I.
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