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LITTÉRATURE. at

de jours. Des succès brillans ont enivré les partisans et les armées de Napoléon. La cause de l'indépendance des. peuples n'est pas perdue ; elle ne le sera jamais sans doute; mais il n'est peut-être pas réservé à ma vieillesse de jouir de son triomphe. Ma tête et celle de Joseph sont menacées — mises à prix. À la première lueur de salut que j'ai reconnue pour lui, je me suis hôté de le faire transporter dans, un lieu-sûr d’où il régagnera notre Allemagne. Elle n'appartient pas encore tout entière au tyran. La Torre Ma- ladetta ne peut manquer d’être incessamment investie ; je ne devais pas la quitter tant que je ne t'avais pas rappelé à la vie. Le moment de nous séparer aussi est venu. Te sens-tu Ja force de partir ? — Joseph! mon cher Joseph ! il m'avait dit que nous ne nous reverrions jamais !.. Diana , mon ami; où est-elle? =— Diana vivra. Le temps, plus puissant que mes secours, la fera probablement sortir de l'état de mutisme et d'aliénation où elle est restée plongée jusqu'ici. Aucun mot ne s'est échappé de sa bouche, auçune. émotion ne s’est peinte sur son visage, même quand la nouvelle femme de chambre que je lui at donnée lui a présenté ce. matin la robe de deuil qu'elle doit porter comme veuve et.commeorpheline. Je comptais sur cette secousse; je m'y étais confé.en désespoir de tous les remèdes. Seulement , sur la propo- sition que je lui ai faite de se retirer, jusqu'a nouvel ordre, à l’Annunziata de Venise, où elle a des compatriotes , et, je crois, des parentes , elle a paru me répondre par un signe de consente- ment; et depuis;.son agitation inquiète et empressée à manifesté souvent.le besoin qu'elle épronve de quitter ceite tour qui doit lui rappeler de si affreux souvenirs. — J'arrive à ce qui te concerne personnellement. Le désir que. Mario témoignait de te revoir ici s'explique facilement par un récit que Solbioski tenait de toi- même, et qu'il m'a communiqué hiér. Le spectacle de ce gril appelait son bonheur, l'inforiuné jeune homme , était Je moindre prix dont il pût reconnaître ta généreuse amitié. Un autre motif était venu se joindre à celui-là, si jen juge par cette lettre de Chasteler, qui le charge de te faire savoir que ton mandat d'arrêt est levé en France, et que l'avis a dû en parvenir aux autorités