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REVUE DE PARIS.

pour s’assurer s’il n’y existait pas, comme dans les caveaux antérieurs, quelque communication répondant à l’entrée, menant à d’autres voûtes souterraines. Mais pas une fissure dans les pierres, pas la moindre disjonction, pouvant faire soupçonner un passage condamné ou habilement dérobé, ne s’offrit à sa recherche : la crypte décidément s’arrêtait là. Une surprise nouvelle, considérable, inouïe, cependant, l’attendait encore.

Tout à coup il a cru s’apercevoir qu’un des barils placés à l’angle de la muraille, le plus près de lui, était plein, plein jusqu’au haut, comme un boisseau comble. Il s’approche et, sous une couche épaisse de poussière, il voit se dessiner une foule de petits disques semblables à des pièces de monnaie. — Qu’est-ce donc ? se dit-il ; quelle denrée funèbre est donc enfermée dans ces catacombes ?

Alors du fourreau de son épée, avec anxiété et précaution, il toucha à ces objets ; il en dérangea quelques-uns pour s’assurer de ce que ce pouvait être : un son métallique soudain se fit entendre ; un ton jaune, uniforme, semblable à la couleur de l’or, s’offrit aux reflets de la lumière et à ses regards éblouis. — Plus de doute, c’était de l’or, de l’or monnayé !… De l’or, de l’or plein ce baril, plein celui-ci, plein l’autre encore !… Cinq barils à la suite l’un de l’autre étaient ainsi remplis de carolus et d’écus d’or au soleil.

M. d’Argenson n’en revenait pas, il allait de l’un à l’autre, il touchait, il faisait sonner, il regardait. — Cela se peut-il bien ? s’écriait-il ; n’est-ce qu’une fascination ? Suis-je l’objet, la victime de quelque tour ténébreux de nos magiciens, de quelque sorcellerie ?

Une caisse de fer et deux bahuts de bois sculpté se trouvaient là, dans la cellule, près des barils ; leurs clés étaient encore à la serrure. Ils forent bientôt ouverts, visités, fouillés ; c’étaient des lingots de toutes sortes, des sacs d’or et d’argent, des bijoux, des vases précieux, de la vaisselle, des joyaux, des perles, des pierreries ; tout ce qu’en fait d’orfèvrerie on peut rêver de plus riche, de plus brillant, de plus beau. Imaginez-vous le trésor de Cléopâtre et la cassette du roi Louis XI mêlés aux richesses de Montezuma.

Si l’étonnement de M. d’Argenson avait été grand à la vue des deux spectres étendus sur les dalles, il ne le fut pas moins devant une telle découverte miraculeuse, incroyable, inouïe. Mais sa joie surpassait encore son admiration ; il lui semblait qu’il venait, lui aussi, de pénétrer dans la ville du soleil et d’effacer à jamais la gloire de Fernand Cortez et de Pizarro.

Cet amas de richesses près des restes d’un tout jeune homme et