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6 LA REVUE DE PARIS

diatement après le diner, j'ai couru chercher mes nippes de jardinier, ma poudre, elc., et je me suis rendu dans le grand salon qui précède le théâtre et où les hommes se travestissent derrière deux grands paravents, pendant que les dames s’habillent dans le salon voisin. Le salon des hommes sert de loyer. Tous les personnages en costumes y circulent comme dans les coulisses. L'Empereur ne manque pas d'y venir pendant les entr'actes. Il est gai, presque folâtre. Je l'ai vu tout à coup sauter comme un écolier sur un fauteuil pour voir les hommes s'habiller par-dessus les paravents.

La charade était composée de trois tableaux : Barbe-bleue pour Anne. La scène de patinage pour hiver. Notre scène finale des fleurs animées était précédée de tableaux vivants très bien arrangés par Hébert :

1° La Toilette d'Esther, avec la princesse Anna, charmante et le prince de Metternich avec cent mille francs de diamants à son turban;

2° La Cruche cassée, par madame de Galliffet, admirable- ment jolie ;

3° Le tableau d'ÆHerculanum, avec madame Walewska pour personnage principal et Félicien David chantant sur l'orgue dans la coulisse.

Cependant, j'avais revêtu le plus tard possible mon ridicule costume et je m'étais fait de mon mieux une tête de vieux bonhomme poudré à blanc, avec mon claque planté droit sur ma tête el orné de fleurs. L'Empereur a ri en m'apercevant au débouché du paravent. J'ai tout de suite groupé mes per- sonnages sur le théâtre; pour relever un peu la banalité des fleurs animées, j'avais eu l'idée, qui a fort réussi, de mettre en contraste un groupe d'hommes aflublés de fleurs ridicules. J'avais caché à droite et à gauche mes deux groupes par deux paravents que j'appelais des châssis. La princesse venait choisir des fleurs dans ma serre; je découvrais d'abord le paravent, côlé des hommes, et, après le succès de rire, je passais au paravent des dames. Elles étaient toutes enguir- landées gracieusement. Le coquelicot était madame Lehon, la marguerite madame de Vatry. Ces deux dames étaient particulièrement ravissantes. Madame de Persigny était en bluet des pieds à la tête et très réussie. Quand je me suis

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