Page:Revue de Paris - 1894 - tome 2.djvu/214

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

204 LA REVIE DE PARIS cherchait à mettre toutes les forces de l’Internationale au service de sa société secrète. Bref, le monde était trop étroit pour ces deux hommes qui ne songeaient qu’à le bouleverser ; et l’histoire de l’Internationale est en partie celle de leur anta gonisme. Les forces des deux partis se mesurèrent en 1872 au congrès de La Haye, où la rupture se fit entre anarchiste» et démocrates socialistes. L’exclusion de Bakounine et de ses partisans affaiblit l’association ; et Marx, en proposant de trans porter à New-ork le siège de son conseil général, en hâta la fin. Après la rupture, les délégués espagnols, belges, du Jura, à la suite d’un congrès tenu à Saint-Imier, dans le canton de Berne, en 1872, fondèrent une alliance de socialistes anti-auto ritaires, qui se développa sous le nom de fédération romane, puis jurassienne sans direction centrale. En 1873, à Genève, se tint le sixième congrès général de l’Internationale séparée des marxistes, et c’est alors que, pour la première fois, le mot anarchie emprunté à Proudhon, fut appliqué à un parti prononcé par le docteur Paul Brousse, devenu depuis conseiller municipal socialiste centralisateur, et (jui défendait alors avec exaltation les principes de Bakou nine : l’abstention électorale et la révolte permanente. Brousse s’écriait : « Nous voulez abattre l’édifice de l’autorité. L’anar chie est votre programme. Encore un coup de hache, et tout s’eflbndrera. » A un autre congrès, réuni à Londres du i4 au 19 juillet 1881, quarante délégués anarchistes, parmi lesquels ceux des groupes de Lyon, de Vienne, de Marseille, tentèrent de reconstituer une grande société sous le tilre d’Association internationale des ouvriers socialistes révolutionnaires , avec comité principal à Londres, sous-comité à Paris, à Genève, à New— ^ ork et des sections partout où il y aurait un nombre suffisant d’adeptes. Most recommandait des groupes très peu nombreux, par crainte de trahison, disséminés en diflérents quartiers, en différentes villes, en différents pays, et une propagande surtout d’homme à homme ; les groupes devaient se souder silencieusement entre eux, « comme les cellules d’un nid de guêpes ». Il est difficile de dire ce qui reste au jourd’hui de cette organisation, chaque organisme local étant libre de conduire l’agitation à son gré, et devant s’aider soi- même, prélude à la société de l’avenir. Il ne serait pourtant