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Menton. Comme dans la Manche, toutes ces villes sont en façade sur la mer : c’est dire les ravages que la nouvelle artillerie pourrait y exercer.

Quel est l’état de la défense mobile ? Le voici, d’après le budget voté de 1894 :

À Port-Vendres, rien. Cette position a une importance exceptionnelle, surtout pour le cas où la neutralité des eaux espagnoles serait violée[1]. À Cette, rien. À Marseille, rien. À la Ciotat, rien. Ce petit port renferme de magnifiques chantiers et des ateliers de constructions navales dont la destruction serait un désastre, non seulement au point de vue industriel et commercial, mais encore parce que notre flotte en aura le plus grand besoin pour ses réparations en temps de guerre : il ne faut pas oublier que l’arsenal de Toulon ne suffit pas aux réparations ordinaires du temps de paix. À Bandol, rien : là se trouve le grand viaduc de la ligne stratégique de Marseille à la frontière italienne par la Corniche.

À Toulon : neuf torpilleurs armés, dont trois seulement de première classe, quatre de deuxième classe, et deux « rossignols » de troisième classe. En réserve : huit de première classe, dix-sept de deuxième classe, et huit de troisième ; soit trente-trois. On vient de voir dans quel état d’entretien ils se trouvent, et aucune disposition n’a encore été prise pour l’améliorer.

À Saint-Tropez, rien. À Cannes, rien. À Antibes et au golfe Juan, à Nice, à Villefranche, à Menton, rien. Ces trois derniers points sont les grand’gardes de la défense maritime vers l’Italie et le golfe de Gênes, comme Port-Vendres du côté de l’Espagne.

Sur toutes ces côtes, dans le golfe de Lion, comme sur le littoral de Provence, la voie ferrée passe fréquemment à quelques mètres de la mer. La destruction en est donc facile, par le seul canon, sans débarquer.

En Corse, il n’y a, comme défense fixe, qu’une quarantaine de canons en tout : huit à Bastia, dix ou onze à Bonifacio, une vingtaine à Ajaccio et, comme défense mobile, que huit torpilleurs, dont quatre de première classe et quatre de deuxième ; pas un croiseur, pas un éclaireur : un régiment d’infanterie de

  1. Voir le Times du 22 mars.