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sur la côte de californie

préparaient à soutenir l’entreprise. Revenu à la santé, Raousset-Boulbon résolut d’organiser une seconde expédition.

De nouveau il se rendit à Mexico. À la suite de trois pronunciamientos successifs, Santa Ana s’était installé dans le fauteuil présidentiel. Un traité fut conclu entre le chef d’État et l’aventurier pour l’établissement à Sonora de 500 Français. Mais, comme Raousset-Boulbon se préparait à quitter la ville. Santa Ana, toujours sous l’influence de l’Angleterre, le rappela, reprit sa parole, et, par compensation, lui offrit le commandement d’un régiment mexicain. Raousset-Boulbon refusa en termes hautains et partit.

Son idée lui avait suscité des rivaux. Un corps de « flibustiers » américains, sous la conduite d’un certain Walker, s’organisait en Californie et fut bientôt en route pour la Sonora. Ce qu’apprenant, Santa Ana, inquiet et préférant les Français aux Yankees, revint une troisième fois sur sa décision. Raousset-Boulbon fut autorisé à s’établir en Sonora avec trois mille de ses compatriotes. On touchait au but ; à San Francisco, trois cent mille dollars furent souscrits par des banquiers français ou amis de la France. Personne ne doutait du succès de l’entreprise, lorsque le gouvernement des États-Unis intervint à son tour : sous le fallacieux prétexte de violation des lois de neutralité, les Français furent arrêtés et désarmés : on ne laissa partir que trois cents colons sans défense et sans ressources.

Raousset-Boulbon leur avait promis de les suivre : son découragement était extrême, mais il n’hésita pas. Le 24 mai, dans la nuit, il s’embarqua secrètement. À Guaymas, la trahison l’attendait. Santa Ana n’avait plus peur de Walker et de sa bande déjà dispersée, et ses dispositions étaient prises pour anéantir les colons. Dès la première rencontre, une centaine d’entre eux périrent. Les autres refusaient de se rendre tant que leur chef ne serait pas compris dans l’amnistie qu’on leur offrait. Les Mexicains ayant cédé sur ce point, ils se rendirent. Mais, au mépris de la parole donnée, Raousset-Boulbon fut exécuté le 12 août 1853. Napoléon iii, sollicité d’intervenir, avait refusé.

La colonie française de Californie a décru en richesse et en nombre : son patriotisme est encore vibrant. En 1870, un