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tête de la liste figurent l’ex-président des États-Unis, Benjamin Harrison et M. A.-D. White, l’organisateur de la célèbre Université Cornell, actuellement ministre à Pétersbourg.

Deux édifices, surtout, méritent mention, à Palo Alto. Le premier n’est encore qu’à l’état de silhouette ; c’est une église qui servira à tous les cultes. Il n’y a que les Européens qui ne sont jamais venus en Amérique pour s’imaginer, sur la foi des mots, que la religion y vit isolée, étrangère à l’État et renfermée dans ce qu’on pourrait appeler l’arrière-boutique. Bien loin de là, elle est de toutes les fêtes ; on l’associe à tous les actes politiques : aucune cérémonie officielle n’a lieu sans son concours. Le courant, dans le sens chrétien, va même en s’accentuant chaque jour, l’émigration irlandaise et germanique apportant son contingent de foi et de dévotion. Il en résulte que nulle part le sentiment religieux n’est plus développé que dans les universités nouvelles qui se disent unsectarian, ce qui indique simplement qu’elles ne dépendent d’aucun culte. En face de l’Église catholique, qui compte dans ses rangs près d’un sixième de la population totale des États-Unis, il y a une multitude de sectes qui se disputent et parfois même se font une guerre de prospectus très comique. Mais la masse des citoyens et la jeunesse en particulier n’entrent pas dans ces détails : ils sont chrétiens dans le sens le plus large qui ait encore été appliqué à ce mot. Un mouvement d’unification morale, qui a son origine dans les universités, tend à créer en quelque sorte un christianisme général, au-dessus et en dehors des cultes. Ce mouvement mérite d’être suivi avec une extrême attention. Il constitue un des facteurs les plus importants de l’avenir américain. L’église de Palo Alto ne sera pas le premier temple « au Dieu universel » qui ait été élevé dans une université des États-Unis, mais cette fois, l’idée d’unification est nettement exprimée dans la charte de fondation.

Plus modeste, mais non moins suggestif est le second monument dont je voulais parler. Une allée du parc y conduit. C’est une chapelle de marbre blanc où reposent les restes du fils de Leland Stanford, mort avant vingt ans à Florence. Tourné, dès son jeune âge, vers les choses de l’esprit, il rêvait de transformer plus tard le domaine de Palo Alto en