Page:Revue de Paris - 1894 - tome 2.djvu/688

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
224
la revue de paris

de cette métropole — et allonge quelques rayons timides sur la sombre carcasse d’un cuirassé géant, tout seul dans les chantiers déserts, sans équipage encore et sans canons.

La cour du Palace Hotel est toute blanche, blanche comme un conte de fée. Les galeries superposées s’envolent, légères, vers le toit vitré. Les lampes électriques, semées dans les encoignures, lui font un éclairage de ver luisant. Et, pour aviver la bizarrerie du spectacle., deux jeunes serviteurs chinois sont là qui attendent les ordres du majordome. Ils ont enroulé autour de la tête la longue tresse de cheveux pour la soustraire aux gamins qui, dans la rue, s’amusent à la tirer, et cela encadre doucement leur visage jaune. Leurs regards sont perdus dans le vague et une sorte de sourire « en dedans » plisse leurs lèvres. On se figure volontiers qu’ils songent à leur pays, aux belles jonques enluminées qui croisent sur les rivages. Mais ceux qui les connaissent assurent qu’ils ne songent à rien…


Los Angeles (Californie du Sud), octobre 1893.

PIERRE DE COUBERTIN.

L’Administrateur-GérantÉmile NORBERG