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être les agents. Il courut dans le vestibule, détacha la chaîne et tira les verrous ; il fit parler la bonne avant d’ôter tout à fait la chaîne de sûreté : trois personnes se précipitèrent à l’intérieur comme une masse. Kemp se hâta de refermer.

— L’homme invisible ! s’écria-t-il. Il a un revolver… et encore deux coups. Il a tué Adye. Il l’a blessé, au moins. Ne l’avez-vous pas vu sur la pelouse ? Il est là par terre.

— Qui cela ? demanda l’un des agents.

— Adye !

— Nous sommes venus, expliqua la bonne, par l’allée de derrière.

— Qu’est-ce que c’est que ce tapage ? interrogea l’autre agent.

— Il est dans la cuisine… ou il y sera bientôt. Il a trouvé une hache…

Soudain, la maison tout entière retentit des coups frappés par l’homme invisible sur la porte de la cuisine. La bonne regarda fixement vers la cuisine, puis se réfugia dans la salle à manger. Kemp essayait de s’expliquer en phrases entrecoupées. Ils entendirent céder la porte.

— Par ici ! cria Kemp, sortant de sa stupeur.

Et il poussa les agents sur le seuil de la salle à manger.

— Le tisonnier ! cria Kemp en se ruant vers le garde-feu.

Il tendit à l’un des agents le tisonnier qu’il avait apporté et, à l’autre, celui de la salle à manger. Tout à coup, il sauta en arrière.

— Ho ! fit l’un des agents.

Et il plongea en avant, ayant reçu un coup de hache sur son tisonnier.

Le revolver tira l’un de ses derniers coups et creva, au mur, un Sydney Cooper de grande valeur. L’autre agent abattit son tisonnier sur la petite arme, comme on assomme une guêpe : il l’envoya rouler par terre.

Au premier bruit, la bonne poussa un cri, se dressa hurlante auprès du foyer, puis courut ouvrir les volets — sans doute avec l’intention de s’échapper par la fenêtre.

La hache recula dans le corridor et prit position à peu près à deux pieds du sol. On entendit souffler l’homme invisible.