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Page:Revue de Paris - 1905 - tome 1.djvu/335

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LETTRES DE SAINTE-BEUVE

égaux, deux admirables poètes du cœur, de l’âme et de la vie. Jugez combien je suis impatient de voir l’un analysé par l’autre. J’attends avidement la Revue du 1er octobre. C’est une chose singulière que vous m’ayez amené à désirer un journal au milieu de toutes ces belles prairies.

» … Adieu, mon cher ami. Je n’ai pas encore besoin de votre bonne présence au Roi s’amuse. Comptez que j’userai de vous comme vous useriez de moi. Le premier bonheur de la terre, c’est de rendre des services à un ami ; le second, c’est d’en recevoir.

» Adieu. Je vous serre tendrement les mains.
» Victor.»

« Nous nous portons tous à merveille. Ma femme fait deux lieues à pied tous les jours et engraisse visiblement. »

***

En novembre, on répète le Roi s’amuse, Sainte-Beuve écrit ;

13 novembre 1832.
Mon cher ami,

Madame Allart désirerait pour elle et quelques personnes de sa connaissance louer une loge pour le Roi s’amuse. Elle ne l’a pu au théâtre. Elle me prie de vous demander s’il y aurait moyen, par vous, d’en louer une, et comment. Veuillez me répondre un petit mot, s’il vous plaît.

De plus, j’aurais à vous demander, par grâce, deux billets pour deux amis dont je suis sûr, et je serais heureux que vous pussiez me les donner pour la première. Voilà, mon cher ami, bien des demandes. J’ai bien hâte de cette pièce c’est dans dix jours, il paraît. Je compte sur les beaux soirs d’Hernani, et plus sereins. J’ai su que vous saviez les misères d’un gentilhomme de notre connaissance[1] : un homme qui en est venu là ne fera plus que de la satire mais son enthousiasme et son génie poétique sont morts. Les génies féconds sont à l’abri de ces bassesses que j’appellerai sordides.

  1. Alfred de Vigny.