» Ce que vous désiriez, je le désirais bien aussi, allez ! Nous dînerons ensemble une fois la semaine. Nous ne laisserons aucune poussière s’amasser sur nos souvenirs et sur nos autels cachés.
» … J’ai besoin de vous aimer et de me savoir aimé de vous. Cela est entré dans ma vie.
» J’ai une pièce[1] à finir et à livrer sous dédit d’ici au 1er septembre. Vous savez comme le travail me tient, quand il me tient : il faut donc que je finisse. Après quoi j’irai vous trouver ou je vous
écrirai pour vous demander un jour de causerie et d’effusion. Je
suis allé vous voir, il y a quelque temps. L’avez-vous su ? Oh ! Sainte-Beuve, deux amis comme nous ne doivent jamais se séparer. Ils font une chose impie. Je suis bien profondément à vous, allez ! »
Sainte-Beuve écrit une nouvelle lettre de remerciement, – qui nous fait encore défaut ; – Victor Hugo, tout aux dernières scènes du drame qu’il doit livrer le 1er septembre, répond par ce billet :
» Je veux seulement vous dire, mon ami, que je travaille, que je pense à vous, que je suis à vous du fond du cœur.
» À bientôt. Aimez-moi.
Tout est donc, pour le moment, renoué ; Sainte-Beuve va déployer plus de zèle et de dévouement que jamais : il admirera Marie Tudor, une pièce de théâtre, une pièce en prose !… Victor Hugo l’a invité à venir en entendre la lecture chez lui :
Je vous écris de la campagne, mon ami, mais je serai à Paris lundi prochain, 7. Plusieurs de nos amis me demandent ma pièce. Je la leur lirai à sept heures du soir, place Royale. Voulez-vous en être ? Vous serez bien reçu du fond du cœur. Ce sera une soirée qui nous rappellera des jours plus heureux.
» Je vous serre la main. Nous choisirons, ce jour-là, le jour que vous me demandez pour dîner ensemble.
- » Votre vieil ami,
- ↑ Marie Tudor