Page:Revue de Paris - 1905 - tome 1.djvu/661

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
657
LA PREMIÈRE PRÉSIDENCE DE M. ROOSEVELT

dernier droit, ne saurait être contesté à l’État : « Les grandes corporations n’existent que parce qu’elles sont créées et sauvegardées par nos institutions ; c’est donc notre droit et notre devoir de veiller à ce qu’elles vivent en harmonie avec ces institutions. » Sans doute, ce droit d’intervention a été dénié au gouvernement fédéral, mais les vaines tentatives des États particuliers ont prouvé que, seule, la Confédération pouvait agir avec succès. Si la Constitution actuelle s’y opposait, le Président se déclarait prêt à la faire amender pour donner au Congrès les pouvoirs nécessaires.

Il n’a pas été besoin de cet amendement : cédant aux objurgations du pouvoir exécutif, le Congrès a voté, pendant l’hiver de 1902−1903, quelques mesures concernant les trusts. La création d’un département « du commerce et du travail » a donné satisfaction au Président, qui avait demandé qu’avant toutes choses on se préoccupât des moyens de contraindre les trusts à la publicité de leurs opérations. On a placé sous l’autorité du nouveau secrétaire du commerce un « commissaire des corporations », qui devra recueillir et publier tous les renseignements possibles sur l’organisation, la conduite, la direction de toutes les sociétés et corporations et de tous les trusts qui font des affaires avec l’étranger ou dont les affaires s’étendent sur plusieurs États de l’Union. Ces renseignements, dont le Président pourra ordonner la publication, permettront d’élaborer une réglementation du commerce. Par une seconde mesure, on s’efforçait d’empêcher les compagnies de chemins de fer d’accorder aux trusts, d’une manière indirecte, des taux de transport réduits, qui constituent pour eux des avantages contre lesquels ne peuvent lutter les petits producteurs.

Une enquête spéciale a été ouverte sur le fameux beef trust, que l’on accuse d’avoir, en ces derniers temps, maintenu par des moyens répréhensibles le prix de la viande à un taux exagéré. L’attorney-general a intenté des poursuites contre quelques autres. Dans le procès contre la Northern Securities Company, créée pour syndiquer les chemins de fer jusqu’alors rivaux du Northern Pacific et du Great Northern, la Cour suprême a donné gain de cause au gouvernement et interdit à la Northern Securities Co de prendre part aux assemblées

1erFévrier 1905.