Aller au contenu

Page:Revue de Paris - 1905 - tome 1.djvu/663

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
659
LA PREMIÈRE PRÉSIDENCE DE M. ROOSEVELT

de conclure avec l’étranger des traités de réciprocité. C’est, pourtant, la politique qu’avec une sage clairvoyance avait préconisée dans son dernier discours, le jour même où il fut mortellement blessé, M. Mac Kinley. Profitant d’une clause insérée dans le tarif de 1897, M. Mac Kinley avait conclu des traités avec plusieurs puissances étrangères. Malgré ses objurgations, le Sénat s’était toujours refusé à les ratifier. M. Roosevelt n’a pas réussi à vaincre cette résistance ; ces traités sont devenus caducs, sans que les sénateurs aient consenti à les discuter. Ce n’est même qu’à grand’peine[1] que le Président a obtenu du Congrès que l’on tînt la promesse faite aux Cubains d’avantages particuliers sur le marché des États-Unis. À Cuba délivrée du joug espagnol, les Américains n’ont pas donné une indépendance absolue : ils ont estimé nécessaire, pour leur sécurité personnelle, que l’île restât liée à leur système politique. Cuba a donc dû se soumettre au protectorat des États-Unis, leur reconnaître un droit éventuel d’intervention, et les autoriser à établir sur ses côtes deux stations navales. En échange, les Cubains réclamaient la conclusion d’un traité de réciprocité commerciale qui réduirait fortement les droits américains sur leurs deux principaux produits : le sucre et le tabac. Menacés par cette concurrence, les planteurs américains ont mis tous les moyens en œuvre pour empêcher la ratification du traité qu’avait conclu le Président avec le gouvernement cubain. M. Roosevelt n’a pu triompher de cette résistance qu’en recourant à une session spéciale du Congrès, et, malgré ses efforts, il n’a pu obtenir une pareille satisfaction aux réclamations des Philippins.

En face des trusts, la concentration industrielle,, en groupant dans un espace restreint des masses ouvrières considérables, a naturellement facilité le développement des syndicats ouvriers. Les directeurs des trusts, impatients de trouver devant eux cette force organisée qui s’opposait à leurs caprices, ont cherché à briser ces unions. La lutte s’est poursuivie, tantôt sourde, tantôt à découvert ; âpre toujours, sanglante parfois, et les adversaires se sont malheureusement laissés entraîner, les uns comme les autres, à des mesures inexcusables. Ces troubles ne regardent pas le gouvernement fédéral : le Président n’a à intervenir que dans le cas où le

  1. WS : grand’peine->grand-peine