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LA REVUE DE PARIS
6 octobre 1864.
Chère madame et amie,

Je ferai en sorte d’être à Auteuil avant trois heures. – Il n’y a pas d’énigme à débrouiller ; je n’ai personne en vue, mais je craignais d’avoir chance de rencontrer des personnes à qui mon visage serait peu agréable, ainsi qu’eux à moi ; du moment que vous serez seule, il n’y a plus qu’à parler de vous.

Avec mes respects de cœur.

Sainte-Beuve.

Les années passent, la santé de Sainte-Beuve s’altère ; madame Victor Hugo, alarmée, veut lui envoyer le médecin qui la soigne, l’ami et le familier d’Hauteville-House, Émile Allix. Il lui répond :

Ce 20 mai 1867.
Chère madame et amie,

Je suis bien sensible à votre intérêt affectueux. Il est assez difficile d’expliquer, à un autre qu’à un médecin, mon état : il est redevenu ce qu’il était avant le trop de curiosité d’une exploration. Mais il me reste un point actif qui ne me permettra [pas] probablement de me tenir indéfiniment tranquille : il faudra recommencer à chercher. – Je serai charmé de revoir M. Allix en votre nom et au sien. – Voilà donc paru ce Guid à Paris[1] qui nous rend, par une sorte d’illusion, la présence du grand introducteur : plusieurs noms d’autrefois se sont retrouvés unis et rassemblés. Cela n’est pas sans faire un triste et dernier plaisir.

Je vous souhaite, chère et ancienne amie, tous ceux que le cœur et la famille donnent en consolation des peines, en dédommagement des années. L’affection naît et renaît d’elle-même autour de vous.

Votre respectueusement dévoué,
Sainte-Beuve.

P.-S. J’aurais bien volontiers consulté M. Segalas dont

  1. Paris-Guide, publié par Lacroix, au moment de l’Exposition de 1867, avec une introduction de Victor Hugo.