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LA REVUE DE PARIS

moi-même la mehalla du prétendant, j’appris que les guerriers Mtlasa n’avaient pas menti : ils s’étaient avancés jusqu’au pied même de l’enceinte de la Kasbah Messoun, refoulant les réguliers du Sultan, dont ils tuèrent un grand nombre ; mais les canons qui tiraient sur eux du haut des murs ne leur avaient pas permis de descendre de cheval pour recueillir les trophées de leur victoire.

Aux prises avec un pareil ennemi, le corps de débarquement n’avait donc le choix qu’entre deux méthodes pour atteindre le but de sa mission : soit attirer en masse toutes les forces ennemies et les engager dans une action générale où, grâce à ses armes perfectionnées et à la supériorité de ses manœuvres, il leur eût infligé un désastre complet ; soit former une colonne mobile, qui serait capable de faire la guerre à la marocaine, de détruire les approvisionnements des Chaouïa, de razzier leurs troupeaux et de s’emparer de leurs convois.

Les opérations françaises ont présenté trois phases distinctes depuis le 7 août, arrivée des troupes, jusqu’au 21 septembre, date à laquelle les hostilités ont été interrompues et où s’est terminée ce qu’on pourrait appeler la première campagne de Casablanca.

Une période initiale, qui s’étend du 7 au 21 août, fut consacrée uniquement à la défense du camp français, que les Marocains attaquaient sans cesse de jour, tandis que la nuit, leurs tirailleurs isolés tenaient nos avant-postes constamment en éveil. Cette tâche, d’abord assez pénible en raison du petit nombre d’hommes et de l’outillage restreint dont nous disposions, a été facilitée ensuite par l’arrivée d’un matériel complémentaire et de soldats du train et de l’intendance, qui permirent de diminuer les corvées et d’employer un plus grand nombre d’hommes sur la ligne de feu. Peu à peu, les renforts qui parvenaient au corps de débarquement, lui ont permis d’élargir le cercle qui l’investissait et de se donner de l’air en portant plus loin ses coups de sonde en dehors des lignes de tranchées. Les principaux engagements de ce genre eurent lieu les 8,10,18 et 21 août. Après ce dernier combat, on se décida enfin à occuper d’une manière constante la crête qui s’étend au