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LA REVUE DE PARIS

du peu de danger qu’avait à courir une expédition se portant à trois jours de marche de la côte. D’ailleurs, après l’affaire de Sidi-Mounen, il est plus que probable qu’un certain nombre de fractions Chaouïa eussent renoncé à la lutte au cas d’une offensive déterminée ; aux combats du 11 et du 21 septembre, les effectifs de l’ennemi étaient déjà sensiblement réduits.

Eu ce qui concerne les munitions, l’adversaire en a fait une consommation très importante pendant les premiers jours de la lutte, mais on a observé que, peu à peu, son feu diminuait d’intensité. Les rapports des réfugiés indiquaient que, dans les souks de l’intérieur, les cartouches atteignaient un prix fort élevé qui en attestait la pénurie. Sur les cadavres, on ne trouvait en général que 3 ou 4 coups à tirer (constatations faites les 12 et 16 septembre). Enfin, il était facile, par une surveillance active de la contrebande à Rabat et à Mazagan, de rendre impossible tout réapprovisionnement en cartouches et de diminuer considérablement la capacité de résistance de l’ennemi.

Reste la troisième cause de notre inaction : les difficultés matérielles.

Transport. — Le corps de débarquement ne disposait certainement pas des moyens de transport nécessaires : pour une marche, même courte, vers l’intérieur, on n’aurait rien dû laisser au hasard. Il eût fallu emporter des rations de vivres et de fourrage, des approvisionnements considérables de munitions, prévoir en outre le transport de tous les blessés et malades. Des problèmes du même genre ont été résolus par les troupes algériennes dans des régions infiniment moins abondantes en ressources et d’un terrain plus difficile. Il eût suffi de faire envoyer d’Algérie un complément de conducteurs et d’animaux de bat ou d’arabas attelées.

Eau. — Quoiqu’on se trouvât à l’époque la plus sèche de l’année, beaucoup d’oueds avaient encore de l’eau courante. Dans toute la Chaouïa, les sources abondent et presque à chaque pas on rencontre des puits ; au cas improbable où l’ennemi les eût comblés ou souillés, il était facile d’en creuser de nouveaux ; la légion étrangère est habituée à ce genre de travail et le génie possède des outils avec lesquels il eût pu accomplir