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L’ODEUR DE SAINTETÉ


Mourir en odeur de sainteté, c’est, dans le langage courant mourir en état de grâce ; vivre en odeur de sainteté, c’est être assez pieux pour être regardé comme un saint ; depuis plusieurs siècles, ces formules n’ont plus qu’un sens figuré et la plupart des écrivains qui les emploient aujourd’hui ne leur en connaissent pas d’autre. Mais les historiens des mystiques ont toujours protesté contre cet usage de leur langue ; l’odeur de sainteté est pour eux un fait réel ; quand ils racontent qu’un saint en a été gratifié, ils veulent dire que, durant sa vie ou après sa mort, son corps a exhalé des odeurs agréables, et ils citent des cas nombreux où le prodige a paru manifeste. Ce sont des cas de ce genre que je voudrais exposer.



Christine de Stommeln, dont Renan a écrit la touchante histoire[1], est citée dans tous les ouvrages mystiques parmi les saintes qui ont exhalé, à un certain moment de leur vie, une suave odeur.

Elle sortait à peine d’une terrible scène de possession au cours de laquelle Satan l’avait salie de bien des manières lorsque, d’après le récit d’un témoin, Pierre de Dacie, elle fut

  1. Une idylle monacale au xiiie siècle, Nouvelles études d’histoire religieuse. Nouvelle édition, p. 353.