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Page:Revue de Paris - 1908 - tome 1.djvu/465

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LA REVUE DE PARIS

dans les événements qui suivirent, il est nécessaire de leur restituer leur véritable caractère.

Sur 355 millions versés sous la monarchie dans les Caisses d’épargne, il en restait soixante.

Le gouvernement, comme l’exprimait M. Garnier-Pagès, aurait pu dire aux créanciers : Voilà le gage que vous laisse le gouvernement en qui vous aviez mis votre confiance, reprenez-le. La monarchie ayant fait faillite, les créanciers eussent été payés au marc le franc. On eût accusé Louis-Philippe et absous le Gouvernement provisoire. Celui-ci eut tort de ne pas consentir à cette lâcheté. Il voulut désintéresser ceux dont la fortune précaire était attestée par le chiffre minime de leurs dépôts. En remboursant intégralement tous les livrets au-dessous de 100 francs, il mettait en réalité hors de cause tous ces déposants auxquels s’attachaient l’intérêt et la sympathie, et dont cette humble somme, prélevée sur le produit de leur travail, représentait l’avenir il y a un mois, le présent aujourd’hui. Les autres étaient payés 100 francs comptant, le reste moitié en bons du Trésor, moitié en rentes cinq pour cent, au pair. Si les bons du Trésor étaient dépréciés, était-ce la faute du gouvernement qui venait de naître ou de celui qui venait d’expirer ?… On ne demandait à ces capitalistes que de la confiance dans l’avenir.

L’impôt des 45 centimes fut dicté par la même nécessité ; il fut établi avec la même équité, perçu avec la même modération.

Il y a des moments où la société peut être sauvée par des sacrifices. Ces sacrifices, on les demande à la classe la plus intéressée au salut de l’État et la moins souffrante. Ce n’était plus une contribution du quart que l’on imposait à la propriété foncière, mais une contribution extraordinaire de 45 centimes sur le total des quatre impôts directs. Vingt-neuf millions, accordés par voie de dégrèvement à tous ceux pour lesquels c’eût été une trop lourde charge, attestent qu’on ne s’écarta point des principes d’une juste distribution, première loi d’un gouvernement populaire.

Il rendit 160 millions. Ce n’était point une exaction des classes pauvres sur les classes riches, mais la contribution selon ses forces de chacun au salut de tous. Cet impôt avait ce tort grave d’être demandé par une République pour fonder