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Page:Revue de Paris - 1908 - tome 1.djvu/743

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parmi ces idées confuses celles qui étaient le plus capables de faire avancer la dame, tel était le devoir évident de Lily ; mais l’accomplissement était entravé par des doutes qui augmentaient chaque jour. Lily, en fait, reconnaissait de plus en plus une certaine ambiguïté dans sa propre situation. Ce n’était pas qu’elle doutât que Mrs. Hatch, au sens conventionnel du mot, ne fût irréprochable. Les fautes de cette dame étaient toujours des fautes de goût plutôt que des fautes de conduite ; le nombre de ses divorces était dû, semblait-il, à des conditions géographiques plutôt qu’à des causes morales ; et ses pires faiblesses provenaient surtout d’une aventureuse et extravagante bonté d’âme. Mais si Lily ne voyait pas d’inconvénient à ce qu’elle retînt sa manucure à déjeuner, ou à ce qu’elle offrît au « professeur de beauté » une place dans la loge de Bertie Van Osburgh, au théâtre, elle n’était pas aussi à l’aise pour ce qui était d’autres écarts moins visibles. Les relations de Ned Silverton et de Stancy, par exemple, lui paraissaient trop étroites et trop peu claires pour s’expliquer par aucune affinité naturelle ; et tous deux semblaient cultiver, d’un commun accord, le goût croissant de Bertie Van Osburgh pour Mrs. Hatch. Il n’y avait encore rien de bien défini dans la situation : cela pouvait bien n’être finalement qu’une vaste plaisanterie des deux compères ; mais Lily avait le vague sentiment que l’objet de leur expérience était trop jeune, trop riche et trop crédule. Son embarras s’augmentait du fait que Bertie semblait la considérer comme sa collaboratrice dans le lancement mondain de Mrs. Hatch, et cette vue supposait, de son côté, à lui, un intérêt permanent dans l’avenir de cette dame. Il y avait des moments où Lily prenait un plaisir d’ironie à cet aspect de l’affaire. L’idée de lancer un projectile tel que Mrs. Hatch contre le sein perfide de la société n’était pas dépourvue de charme : miss Bart avait même trompé ses loisirs avec des visions de la belle Norma introduite pour la première fois à un banquet de famille, chez les Van Osburgh. Mais la pensée d’être personnellement mêlée à cette opération était moins agréable, et à ces éclairs momentanés d’amusement succédaient des périodes de doute grandissant.

La conscience de ces doutes était à son apogée quand, une après-midi, tard, Lily fut surprise par une visite de Lawrence