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CHEZ


LES HEUREUX DU MONDE[1]

XXVI


Lily s’arrêta, un moment, au coin, pour regarder le spectacle de l’après-midi dans la Cinquième Avenue.

C’était un des derniers jours d’avril, et la douceur du printemps flottait dans l’air. Elle atténuait la laideur de cette longue voie encombrée, estompait les lignes maigres des toits, couvrait d’un voile mauve la perspective décourageante des rues latérales et donnait un peu de poésie à la délicate vapeur de verdure qui marquait l’entrée du Parc.

Comme Lily se tenait là, elle reconnut plusieurs figures familières dans les voitures qui passaient. La saison finissait et ses forces dirigeantes étaient désorganisées ; mais quelques personnes s’attardaient encore, différaient leur départ pour l’Europe ou traversaient la ville en revenant du Midi. De ce nombre était Mrs. Van Osburgh, qui s’avançait majestueusement dans son « huit ressorts», avec Mrs. Percy Gryce à son côté, et le nouvel héritier des millions des Gryce trônant devant elles sur les genoux de la nourrice. Vint ensuite la victoria électrique de Mrs. Hatch, où cette dame reposait dans

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    Voir la Revue des 15 novembre, 1er , 15 décembre 1907, 1er , 15 janvier, 1er  et 15 février 1908.