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HISTOIRE
d’une
DEMOISELLE DE MODES


I


Un vent frais soufflait. Le ciel était triste et de lourds nuages pesaient sur la rivière. À l’ouest, une bande orange gardait encore l’éclat du soleil disparu, le grand poudroiement d’or qu’il avait soulevé.

La rivière passait lente et grise entre les roseaux. Et, venue de loin, elle paraissait comme appesantie par la longueur de la route et par tout ce qu’elle avait reflété de rives et de villes, de villages, de clochers, de chaumières et de châteaux, de joies et de deuils, depuis que jour et nuit elle voyageait.

Traversant ce pays de Gascogne, elle coulait maintenant parmi des prés, coupés de plantations d’osiers. Au loin et de tous côtés, la vigne envahissante couvrait la plaine et les coteaux de ses rangs serrés.

Avant d’arriver à Port-Saint-Pierre, la rivière formait un coude, s’en venait d’une grande courbe parmi les hautes herbes et les saules qu’elle baignait. — Et, continuant sa route vers le nord-ouest, elle s’attardait, se jouait en méandres par les cam-