Je n’ai point interdit les écoles aux Chrétiens, mais j’en ai fondé de nouvelles par tout l’Empire, où l’on pût enseigner aux enfants non seulement Hésiode et Homère, Démosthène, Hérodote et leurs Dieux, mais Platon, mais la morale pure de Marc-Aurèle, et l’enseigner par l’exemple. J’ai jeté pour fondement de cette réforme la réforme des pontifes et des prêtres. J’ai ordonné qu’il ne fût jamais élevé au sacerdoce que les gens de bien les plus purs de chaque ville, sans égards pour la naissance où la richesse. Je leur ai donné pour devoirs : l’amour de Dieu et des hommes, une vie qui soit une continuelle instruction, un enseignement grave de l’histoire, dégagée des fictions débauchées et dangereuses de quelques poètes ; une surveillance perpétuelle des hospices que j’ai fondés ; et le soin de faire du bien à tous et de donner gaiement le nécessaire, même de leur indigence.
— Par le ciel, qu’ont dit de plus les Évêques chrétiens, nos anciens amis ? — s’écria Jean Chrysostôme.
— Regarde, — dit Basile, en montrant sur la muraille un papyrus très long qui y était déroulé ; — Libanius a copié de sa main cet édit immortel que tu as écrit pour les temples.
Libanius roulait une boule d’ambre dans sa main et d’abord ne parlait pas ; mais, regardant Basile avec ironie :
— Vraiment, — dit-il, — tu m’as pris en flagrant délit d’admiration et presque de flatterie pour notre cher Julien, et la confusion que cela me cause n’est pas loin de me faire oublier que les pures maximes, les institutions vertueuses, les lois prudentes ne se conservent pas si elles ne sont à l’abri d’un dogme religieux, et que, si Julien les a enfantées, c’est que sans doute il était rempli de la Divinité et s’est senti assez fort pour établir le sentiment de sa foi de manière à la rendre universelle.
Et, comme Julien hésitait à répondre, il continua après avoir attendu un instant :
— Et ce ne peut être à l’ancien Olympe d’Homère qu’il ait foi, car, dans sa Satire des Césars, dont nous parlait Paul de Lorisse, notre enfant, j’ai bien peur qu’il n’ait fait la satire des Dieux. Silène et Bacchus n’y sont guère