Page:Revue de Paris - 1921 - tome 6.djvu/243

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» Puisque l’espace illimité est peuplé par des mondes semblables au nôtre.

» Puisqu’en multipliant les générations qui se sont succédé depuis le commencement de cette terre par celles qui ont pullulé sur les mondes innombrables habités comme le nôtre, on arriverait à un nombre d’âmes tellement surnaturel et impossible, le multiplicateur étant infini, que Dieu infailliblement en perdrait la tête, quelque solide qu’elle fût, et le diable serait dans le même cas, ce qui amènerait une perturbation fâcheuse.

» Puisque, le nombre des âmes des justes étant infini, comme le nombre des âmes des méchants et comme l’espace, il faudrait un paradis infini et un enfer infini, ce qui revient à ceci : que le paradis serait partout, et l’enfer partout, c’est-à-dire nulle part.

» Or la raison ne contredit pas la croyance métempsychosiste.

» L’âme passant du serpent au pourceau, du pourceau à l’oiseau, de l’oiseau au chien, arrive enfin au singe et à l’homme. Puis toujours elle recommence à chaque faute nouvelle commise, jusqu’au moment où elle atteint la somme de la purification terrestre qui la fait émigrer dans un monde supérieur. Ainsi elle passe sans cesse de bête en bête et de sphère en sphère, allant du plus imparfait au plus parfait pour arriver enfin dans la planète du bonheur suprême d’où une nouvelle faute peut de nouveau la précipiter dans les régions de la suprême souffrance où elle recommence ses transmigrations.

» Le cercle, figure universelle et fatale, enferme donc les vicissitudes de nos existences de même qu’il gouverne les évolutions des mondes. »


VII.

comme quoi l’on peut interpréter de deux manières
un vers de corneille


À peine le docteur Héraclius eut-il terminé la lecture de cet étrange document qu’il demeura roide de stupéfaction,