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ment des loyers, mais il faut également tenir compte du fait qu’il peut y avoir, relativement à la demande de logement, disette ou abondance de logements, d’un certain prix et pas d’un autre, dans une certaine localité et pas dans une autre. Comment est-il possible de traiter de la même manière les contribuables de deux villes ayant une population presque égale si les prix des logements dans chacune passent pour offrir et offrent réellement des différences sensibles : Venise et Bologne ont par exemple presque le même nombre d’habitants, mais les loyers sont plus élevés dans la première de ces deux villes que dans la seconde, Catane avec une population moins nombreuse a des loyers doubles de ceux de Bologne, et ces trois communes ayant chacune moins de 200.000 habitants appartiendraient, selon le projet Sonnino, à la même classe et le revenu des contribuables se calculerait en appliquant les mêmes coefficients au prix mis par eux à leur habitation. Et Naples, Palerme, Turin et Gènes ayant toutes une population supérieure à 200.000 habitants seraient inscrites dans la première classe comme à Rome et Milan alors que les prix des loyers à Palerme et à Turin sont presque la moitié de ceux de Rome et de Naples. On pourrait continuer cette comparaison, mais il me semble superflu de dire que dans les prix des logements il y a une partie tout à fait indépendante de notre volonté et qui n’a aucun rapport avec le revenu disponible ; elle dépend de la situation dans laquelle se trouve au point de vue démographique et édilitaire la ville que nous habitons.

Voilà ce qu’il en est quant aux différences de ville à ville. Mais dans la même localité, personne ne l’ignore, les prix des loyers peuvent différer extrêmement, même pour des appartements de même condition. Cela tient à l’éloignement ou au rapprochement du centre, à la salubrité, à la commodité et aussi à la mode ; et c’est une illusion de croire que les différences entre les dépenses faites pour leur logement par différents contribuables correspondent aux différences existant entre leurs revenus globaux. Si on réfléchit que, dans une foule de cas, le choix du logement ne résulte pas de la volonté du contribuable, mais est déterminé par des considérations d’ordre social, professionnel, personnel et d’autres semblables, on comprend facilement que la proportion entre la dépense consacrée