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I. — L’esclavage est aboli dans les colonies françaises.

II. — Tout nègre émancipé sera obligé au travail, moyennant salaire.


Cette condition, nous l’avons établi n’est pas contraire à la liberté ; mais pour qu’elle soit moins onéreuse au nègre, tout affranchi pourra choisir son maître, son atelier.

Les nègres qui ne voudraient pas faire partie d’un atelier particulier seront tenus de travailler dans les ateliers du gouvernement, constitués comme le sont aujourd’hui déjà les ateliers coloniaux. Ils seront employés aux travaux d’utilité publique, aux routes, aux défrichements, et payés sur le budget de la colonie.

En entrant dans un atelier particulier, le nègre souscrira un engagement d’une année à partir de l’époque où commencent les travaux de la culture, de telle sorte que le colon ne soit pas exposé à être privé de ses travailleurs au moment de la récolte. Dans le même but, le salaire sera fixé, dans l’engagement, pour chaque jour de travail dans l’année.

L’engagement ne pourra être rompu de part et d’autre que sur une plainte motivée, soumise à l’approbation d’un conseil de patronage dont il sera question ci-après. Cette faculté de résiliation, par motif légitime, est une garantie indispensable du régime de liberté.

Quant au taux du salaire, un minimum sera fixé, représentant, pour les adultes, l’intérêt de l’indemnité allouée pour le rachat de chaque nègre. Au-dessus de ce minimum, les prix s’élèveront selon les lois de la concurrence. La concurrence est, dans l’ordre matériel, l’image de la liberté. Il faut la maintenir dans les colonies. Lorsque les nègres verront que le maître recherche les bons travailleurs, et accorde à ceux-ci des salaires plus élevés, ils se sentiront naturellement excités au travail, par l’émulation, par l’intérêt personnel, et comprendront peu à peu les idées de hiérarchie qui forment la base de toute société. Il importe, d’ailleurs, que l’intervention administrative soit limitée au strict nécessaire, et que, même au prix de quelques embar-