Page:Revue de l'Orient Chrétien, vol. 12, 1907.djvu/202

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convaincre. Il lui dit donc : Voici les trente livres — car lui-même était riche — mais viens à (l’église de) Saint Ménas et dis : Ce n’est pas moi qui ai accompli (ma) promesse, mais c’est celui-ci ; après cela tu prendras l’argent. Quand ils arrivèrent à (l’église de) Saint Ménas, il prononça les paroles convenues, il prit l’argent et, au moment où il passait la porte, il mourut. On dit alors au maître des pièces d’or : Prends ce qui t’appartient, mais il répondit : Je n’en ferai rien, par le Seigneur ! car depuis que j’ai donné cela au Christ, c’est sa propriété, donnez-le aux pauvres. Ceux qui entendirent (raconter) ces événements furent remplis de crainte et louèrent Dieu (au sujet) de la conduite de cet homme.

48. — Dans certaine ville il y avait un peseur public ; un homme de la ville lui porta un sceau qui valait cinq cents pièces d’or, et lui dit : Prends ce sceau et lorsque j’en aurai besoin, tu m’en donneras la valeur petit à petit ; il n’y avait personne présent lorsqu’il lui donna le sceau. Cependant l’un des nobles de la ville, se promenant en dehors de la demeure du peseur public, entendit et vit qu’il lui donnait le sceau. Le peseur public ne s’aperçut pas qu’on l’entendait. Au bout de quelque temps celui qui avait donné le sceau vint dire au peseur public : Donne-moi (une partie) du prix du sceau, car j’en ai besoin. Mais l’autre, estimant qu’il n’y avait personne présent lorsqu’il lui avait remis le sceau, refusa et dit : Tu ne m’as jamais rien donné. Comme il sortait rempli d’émotion, le noble (dont nous avons parlé) le rencontra et lui dit : Qu’as-tu ? Il lui raconta la chose. Le noble lui dit : Tu le lui as vraiment donné ? Il répondit : Oui. L’autre lui dit : Appelle-le en témoignage devant Saint André et tu auras satisfaction. — Car il y avait là un oratoire de Saint André. — Au moment où il devait porter témoignage, le noble se rendit à (l’oratoire de) Saint André avec son serviteur et lui dit : Quoi que je fasse aujourd’hui, ne t’en fais pas de souci, mais attends patiemment. Il entra dans l’oratoire, quitta ses habits et commença à contrefaire le démoniaque en proférant des paroles désordonnées. Lorsqu’ils arrivèrent, il cria : Saint André dit : Voilà que cet homme vil a pris les cinq cents pièces d’or de l’autre et veut commettre un faux serment devant moi. Il s’élança donc et le prit à la gorge en disant : Rends les cinq cents pièces d’or de cet homme. L’autre, saisi de terreur et de crainte, avoua et dit : Je vais les apporter. Celui-là lui dit : Apporte-les à l’instant. Il s’en alla donc aussitôt et les apporta, puis le prétendu démoniaque dit au maître des pièces d’or : Saint André (te) dit de mettre six pièces d’or sur la table ; et il les donna avec joie. Quand ils furent partis, il reprit ses habits, puis, mis avec élégance, il alla se promener, suivant son habitude, auprès de la demeure du peseur public. Quand celui-ci le vit, il l’examina du haut en bas. Et le noble lui dit : Pourquoi m’examines-tu ainsi, camarade ? Crois bien que, par la grâce du Christ, je ne suis pas possédé ; mais lorsque cet homme t’a confié le sceau, je me promenais au dehors, j’ai tout entendu et j’étais bien au courant, mais, si je te l’avais dit, tu aurais pu dire que tu n’ajoutes pas foi à un seul témoin, c’est pourquoi j’ai songé à cette mise en scène afin que tu ne perdes pas ton âme et que cet homme ne soit pas injustement privé de ce qui lui appartient.