Page:Revue de l'Orient Chrétien, vol. 12, 1907.djvu/435

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90. — On demanda à un vieillard : Pourquoi ai-je peur lorsque je vais au désert ? Il répondit : À présent encore tu vis[1].

91. — On demanda à un vieillard : Que faut-il faire pour être sauvé ? Il travaillait le jonc sans détourner les yeux de son travail, et répondit : Tu le vois[2].

92. — On demanda à un vieillard : Pourquoi suis-je toujours négligent ? Il répondit : Parce que tu n’as pas encore vu le mille[3].

93. — On demanda à un vieillard : Quel est le travail du moine ? Il répondit : Le jugement[4].

94. — On demanda à un vieillard : Pourquoi suis-je tenté par l’impureté ? Il répondit : Parce que tu manges et dors trop[5].

95. — On demanda à un vieillard : Que doit faire un moine ? Il répondit : Pratiquer tout bien, s’éloigner de tout mal[6].

96. — Les vieillards dirent : La prière est le miroir du moine[7].

97. — Les vieillards dirent : Rien de pire que de juger[8].

98. — Les vieillards dirent : L’humilité est la couronne des moines[9].

99. — Les vieillards dirent : Dis à toute pensée qui t’arrive : Es-tu nôtre, ou viens-tu des ennemis ? Et certes elle l’avouera[10].

100. — Les vieillards dirent : L’âme est une source, si tu creuses, elle se purifie, si tu amasses de la terre autour, elle disparaît[11].

101. — Un vieillard dit : J’ai confiance que Dieu n’est pas injuste pour (nous) arracher à la prison ou pour (nous) y jeter[12].

102. — Un vieillard dit : Se vaincre en tout c’est la voie de Dieu.

    Dieu seul ; car de même que la grappe de raisin traînant à terre devient hors d’usage, ainsi la pensée du solitaire qui s’attache aux choses terrestres ».

  1. Sans doute : « tu n’es pas encore mort au monde ». On trouve une pensée analogue dans L, fol. 151 r° : « Pourquoi est-ce que la crainte me saisit lorsque je sors seul le soir dehors ? Le vieillard dit : Parce que la vie de ce monde t’est encore chère ». Item B, p. 772, n. 188. Paul, 46.
  2. L, fol. 155 v° B, p. 774, n. 196.
  3. C’est-à-dire « le but ». Cf. B, p. 816, n. 306 : « Un frère demanda à un vieillard : Pourquoi mon esprit est-il constamment malade ? Il lui répondit : Parce que tu n’as pas encore vu la demeure de vie ».
  4. B, p. 816, n. 307. Cf. infra, 106. Paul, 345.
  5. L, fol. 151 r° B, p. 665, n. 580. Paul, 208.
  6. L, fol. 156. B, p. 816, n. 308.
  7. Paul, 444. Cf. infra, n° 101.
  8. L, fol. 156 r°.
  9. Cf. B, p. 640, n. 515. M, 1036, n. 10. Paul, 140.
  10. B, p. 817, n. 309.
  11. Paul, 293.
  12. L, fol. 151 reprend le n° 95 et lui ajoute 97, 96, 100 et 101 : « On demanda à un vieillard : Quel est le travail du moine ? Il répondit : Opérer tout bien et fuir tout mal et prendre soin de ne pas juger et condamner les autres, car la prière est le miroir du moine, ainsi que l’obéissance et la pratique du bien. Car l’âme est une fontaine, si on en retire les ordures, elle se purifie, mais si le puits se remplit, Dieu ne vient plus nous arracher à la prison, il nous jettera à la prison ». Item B, p. 773, n. 189. Paul, 418, 451.