Page:Revue de l'Orient Chrétien, vol. 12, 1907.djvu/75

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30. Un vieillard[1] était malade et, comme il n’avait pas ce qu’il lui fallait, le chef d’une communauté le reçut et lui donna le nécessaire ; il dit aux frères : Gênez-vous un peu pour que nous donnions le nécessaire à un malade. Or le malade avait un pot d’or ; il creusa sous lui et le cacha ; il mourut sans l’avoir fait connaître. Quand il fut enterré, l’abbé dit aux frères : Enlevez ce lit d’herbes de là. En l’enlevant ils trouvèrent l’or, et l’abbé dit : S’il ne l’a pas fait connaître durant sa vie, mais ne l’a pas même dit à sa mort et a mis son espérance en lui, je ne veux pas le toucher, mais allez l’enterrer avec lui. — Le feu descendit du ciel et, durant de nombreux jours, resta au-dessus de son tombeau à la vue de tous, et ceux qui le virent furent dans l’admiration.


31. L’évêque d’une certaine ville[2], par l’opération du démon, tomba dans la fornication. Un jour que l’on se réunissait à l’église et que personne n’avait connaissance de son péché, il le confessa devant tout le peuple et dit : J’ai péché. Puis il déposa son manteau sur l’autel et dit : Je ne puis plus être votre évêque. Tout le peuple pleura et cria : Que ce péché soit sur nous, mais conserve l’épiscopat. Il répondit : Vous voulez que je conserve l’épiscopat, faites donc ce que je vais dire. Il fit fermer les portes de l’église, puis se coucha la face contre terre devant une porte de côté et dit : Il n’aura pas de part avec Dieu celui qui passera sans me fouler aux pieds. Ils firent comme il le demandait et, lorsque le dernier fut sorti, une voix vint du ciel et dit : À cause de sa grande humilité, je lui ai remis son péché.


32. Un autre était évêque d’une certaine ville[3] et il lui arriva de tomber dans une maladie au point qu’on ne le reconnaissait plus. Il y avait là un monastère de femmes, et la supérieure, apprenant que l’évêque était si malade, prit deux sœurs avec elle et alla le visiter. Tandis qu’elle parlait avec l’évêque, l’une de ses sœurs qui se trouvait près du pied de l’évêque le toucha pour voir comment il allait. Il fut ému à ce contact et dit à la supérieure : Je ne reçois pas de soins de ceux qui sont autour de moi, daigne donc me laisser cette sœur pour me servir. L’autre, ne soupçonnant rien de mal, la lui laissa. Poussé par le diable, il lui dit : Fais-moi cuire quelque chose pour que je (le) goûte. Elle fit comme il l’avait dit et, après avoir mangé, il lui dit : Couche avec moi. Et il accomplit le péché. Elle devint enceinte et le clergé l’arrêta disant : Apprends-nous qui t’a rendue enceinte. Elle ne voulut pas l’avouer. Alors l’évêque dit : Laissez-la, c’est moi qui ai commis ce péché. Quand il fut guéri de sa maladie, il entra dans l’église, déposa son manteau sur l’autel, s’en alla, prit un bâton en sa main et gagna un monastère où il n’était pas connu. Or l’abbé de la

  1. Coislin 127, f. 105.
  2. Ms. grec 919, fol. 151r. Cf. B, p. 301. Paul, 136.
  3. Ms. 919, Ibid. Paul, 16.