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Page:Revue de l'art ancien et moderne, juillet 1906.djvu/145

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114 LA REVUE DE L'ART polonais déclarent ignorer à quelle époque et pendant combien de temps il a séjourné dans leur pays. Par bonheur, des compatriotes de cet artiste se sont livrés à des recherches plus approfondies et ont établi avec précision les étapes suc- cessives de cette carrière si bien remplie 1. Ces érudits ont même été particulièrement heureux dons leurs investigations, car ils ont pu même recueillir des renseignements sur les origines de Per Krafft. Il était fils de Erik Krafft et de Anna Greta Cupp, honorables com- merçants de la petite ville d'Arboga, prèsjlu lac Melar, et, né dans cette ville en 1724, il y passa toute son enfance. La vie était difficile, et médiocre la situation des siens, ce qui n'empêche qu'on trouve le nom du jeune artiste mentionné en 1736, sur le registre de l'Université d'Upsal, avec cette désignation : Artem pictoream exercet. Et l'on pense à Norblin de La Gourdaine. fils des modestes travailleurs de Misy-Faut-Yonne, Arenu tout jeune à Paris pour apprendre la peinture 2 Norblin travaillait chez Casanova; Per Krafft étudiaà Stockholm dans l'atelier du célèbre portraitiste Johan Henrik Scheffel et passa, en 1747, à Copenhague, où la pénurie d'artistes indigènes faisait rechercher les étrangers. Grâce à la protection du conseiller comte Otto Thott de Gaunoe, le peintre suédois fut bien accueilli dans la haute société danoise, où le ton était alors donné par le sculpteur français Jacques-François Saly et l'architecte Nicolai Eietred : il sut d'ailleurs reconnaître à sa façon les bienfaits de son protecteur, en peignant cent cinquante portraits d'ancêtres du comte et de la comtesse Thott de Gaunoe! Après quoi, sa dette payée, il partit pour la France. C'est en 1755 qu'il arriva à Paris. Son compatriote Alexandre Boslin s'y était fixé définitivement, trois ans plus tôt, après dix années d'une existence vagabonde qui l'amena de Stockholm à Bayreuth, de Bayreuth en Italie et, enfin, d'Italie à Paris, où il devait mourir en 1792. Très remarqué dès son premier envoi aux Salons, Roslin ne tarda pas à être admis à l'Académie (1753) et, dès lors, les commandes affluèrent chez lui, aussi bien que les élèves. Per Krafft, qui savait avec quelle bienveillance 1. Il faut ciler en particulier M. Auguste Haar, qui a publié à Stockholm, en 1898, une brochure illustrée, intitulée : En Gustaviano Malaere : Per Krafft, à laquelle nous avons emprunté une partie des renseignements utilisés dans la présente élude. 2. Voir la Revue, t. XVI, p. 219.