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Page:Revue de l'art ancien et moderne, juillet 1906.djvu/163

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130 LA REVUE DE L'ART A Rome, ce Breton rencontra un Normand, Guillaume d'Estouteville, qui avait reçu le chapeau de cardinal dès 1439, sous le pontificat d'Eu- gène IV, près de quinze ans avant d'être nommé archevêque de R,ouen. Le cardinal d'Estouteville siégea pendant trente-huit ans dans le collège des princes de l'Église. Il était le plus riche d'entre eux et fut l'un des plus magnifiques. C'est lui très probablement qui mit Thomas James en relations avec des artistes italiens. Peu de temps après avoir reçu la mitre, le nouvel évêque de Léon s'adressa à l'un des orfèvres qui travaillaient à Rome, pour se faire graver un sceau épiscopal. Une empreinte de ce sceau est conservée aux archives de la Loire-Inférieure. On y distingue le groupe de l'Annonciation sous un fronton classique et l'écusson mitre dans une couronne de laurier que tiennent deuxputti, nus comme des amours 1. La cire pendante aux parche- mins que l' évêque envoya dans le diocèse où lui-même ne se montra point, apportait au pays du Kreisker et des dentelles de granit un parfum léger d'art italien. Après son transfert au siège de Dol, Thomas James fit en Italie une seconde commande, bien plus importante que la première : celle d'un grand et magnifique missel. L'artiste qui fut chargé de ce travail était un Florentin âgé de trente ans, qui devint le plus célèbre des miniaturistes italiens du xve siècle, Attavante degli Attavanti. Bottari a publié deux lettres que le jeune artiste écrivit de Florence, en 1483 et 1484, à un cor- respondant de Rome, Taddeo Gaddi, que Thomas James avait chargé de suivre la commande 2. Il ressort de ces deux lettres que le prix convenu avait été, pour le moins, de 200 ducats, soit environ 1.000 francs, valeur métallique. Attavante proteste de son désir de satisfaire son client, et, en signant les deux lettres de son nom familièrement abrégé à la florentine, — Vante, — il l'accompagne de ce titre : minialore del vescovo di Dolo. Thomas James s'était fait à Rome une petite place dans le cercle des pré- lats généreux, auxquels artistes et humanistes adressaient, leurs hom- mages. Tandis qu'Attavante commence à enluminer le missel de l'évèque, 1. A. Ramé, Note sur le sceau de Thomas James, évêque de Léon et de Dol (Bulletin archéol. du Comité des travaux historiques, 1882, p. 449-454) ; avec une gravure. Une reproduction du sceau, d'après une photographie, est donnée par E. Mûntz (Histoire de l'Art pendant la Renaissance : II, l 'age d'or, p. 690). 2. Bottari, Raccolla di lellere sulla pillura, scultura ed archilettura,Rome,1759, t.111, p. 223 et 224.