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132 LA REVUE DE L'ART qui lui faisaient cortège, a laissé tristement vide un encadrement sur- chargé et incohérent. Quant au manuscrit enluminé pour Thomas James par un artiste célèbre de Florence, il tomba dans le plus profond oubli. Le premier qui signala en France les deux lettres d'Attavante, publiées par Bottari, fut Anatole de Montaiglon. Après les avoir citées dans la Bibliothèque de l'École des Charles, en 1852, l'ingénieux érudit ajoutait : «  Il ne serait peut- être pas impossible de retrouver dans la poudre d'une sacristie le missel ou l'antiphonaire enluminé par Attavante ; ce serait un grand hasard et une bonne fortune sur laquelle on ne peut vraiment pas compter ». En tout, cas, il eût été vain de chercher à Dol ; le manuscrit ne s'y trouvait plus en 1852. Un archiprêtre de la cathédrale s'était occupé de vendre cette masse de vieux parchemin à beaux écus sonnants. Après avoir proposé le missel à l'évêque de Rennes, Mgr Bronays-Saint-Marc, il l'envoya à Paris vers 1847. Le volume passa entre les mains du jésuite Cahier et du comte Auguste de Bastard, qui prirent des dessins ou calques d'un petit nombre d'ornements et de la page de frontispice. Finalement, le manuscrit fut acheté pour le compte du cardinal de Bonald, l'opulent archevêque de Lyon. A la mort du cardinal, en 1869, il fut légué à la Primatiale, avec la collection d'objets d'art ancien, pièces d'orfèvrerie, émaux, ivoires, manuscrits, qui reconstituèrent à l'église de Lyon un trésor sans histoire. Dans la nouvelle sacristie où il avait échoué, le manuscrit resta ignoré pendant près de dix ans. Le secret de son origine s'était complètement perdu. Les érudits lyonnais qui remirent en lumière le pré- cieux missel, en faisant connaître la signature d'Attavante inscrite au frontispice, ne purent retrouver ses origines 1. C'est seulement en 1881 que M. Léopold Delisle reconnut dans les miniatures du manuscrit de Lyon un dessin publié par le P. Cahier et un calque préparé par le comte de Bastard, qui, l'un et l'autre, étaient indiqués comme des détails tirés du Missel de l'évêque de Dol. Il retrouva dans le manuscrit les armoiries de Thomas James, telles qu'elles figuraient sur le tombeau de Dol, et avec 1. Léopold Niepce, dans son étude sur les Manuscrits de Lyon (Lyon, 1S79, p. 104), ne donne au missel de la cathédrale que quatre lignes, qui contiennent plus d'une erreur. M. Régule, en écrivant sa magistrale monographie de la cathédrale de Lyon, crut reconnaître dans le misse! les armoiries du cardinal Riario Sforza, qui ont en effet même partition de l'écu, avec une fleur analogue en chef, mais dont le métal est argent, et non pas or (1880, p. 209).