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LES PEINTRES DES DUCS DE BOURGOGNE 175 lieu de les associer étroitement les unes aux autres, comme on faisait dans le temps passé. Cependant, si, à la cour de Bourgogne, la peinture était avant tout l'auxiliaire intelligente et dévouée de l'architecture, de l'orfèvrerie et de la sculpture, il lui arrivait parfois de se suffire à elle- même, ainsi que nous avons pu le constater à propos des retables de la Chartreuse. Ce n'était là que l'exception; mais l'exception, dans le cas présent, est intéressante, car il ne reste rien des peintures sur étoffe exé- cutées par les peintres des ducs de Bourgogne, tandis que nous possédons de petits panneaux et de grands triptyques, avec quelques fragments de peintures murales, et c'est d'après ces précieux restes seulement qu'il est possible de se prononcer sur leur art. Les inventaires publiés par M. de La Borde avaient déjà fait connaître quelques-unes de ces oeuvres : dix tableaux de bois « tant garnis d'argent corne painz», sans nom d'auteur; le portrait de Catherine de Bourgogne, par maître Vranque, « paintre, demourant à Malines», et payé comptant six francs quinze sols ; un tableau de bois en façon de demi-porte, « auquel a Notre-Dame au milieu, les deux Saint-Jean, saint Pierre et saint Anthoine », oeuvre de Jean Maelweel'. Le dépouillement des comptes de la Chartreuse de Champmol permet d'ajouter à cette nomenclature : les vingt-quatre petits tableaux pour les cellules des moines, rappelant sans doute des épisodes de la vie de saint Bruno, fondateur de leur ordre, par Jean de Beaumez, ainsi que le triptyque du même auteur, représentant l'Assomp- tion, l'Annonciation et la Visitation ; le Portrait de Jean sans Peur, par Jean Maelweel ; la Vie de saint Denis, par Jean Maelweel et Henry Belle- chose ; et, de Bellechose seul: la Mort de la Vierge; la Vierge à l'Enfant du château de Saulx ; le Christ parmi les apôtres et l'Annonciation de l'église Saint-Michel de Dijon. Il semble que plusieurs de ces morceaux, et d'autres de même origine, aient survécu et se rencontrent dans nos collections publiques. Le panneau rond, peint sur fond doré, du musée du Louvre, qui représente « le Christ mort soutenu par l'Éternel, de la bouche duquel le Saint-Esprit sort sous forme d'une colombe, tandis que la Vierge, accompagnée de saint Jean, soulève le bras de son fils », a été attribué sans preuves suffisantes à Jean 4. De La Borde, op. ciT., t. II, p. 239-241; t. I, p. 97; t. I, p. 564. — Le dernier tableau est celui qui fut fait pour Philippe le Hardi et qui plut tant au duc.