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archaïsme frappant. Dans le Baptême, le Christ est représenté jeune et complètement nu. Les costumes des mages rappellent les mosaïques de Ravenne. Cette croix ressemble un peu, par la forme évasée de ses branches, aux croix du IXe siècle que nous citions plus haut, et aussi à la croix de Justin, du trésor de Saint-Pierre de Rome. Il existe une croix d’émail qui s’en rapproche, mais elle est bien plus petite et plus grossière ; c’est celle du musée de Kensington, que Kondakow date du IXe ou Xe siècle. La présente croix ne nous paraît pas pouvoir être postérieure au IXe siècle. Le revers est creux et à demi rempli d’une croûte de baume desséché, sous lequel, au centre, un renflement indique peut-être la présence de la relique du bois de la Croix. Ce fait correspondrait très bien avec la découverte du pape Serge Ier (687-701), qui, ayant en effet trouvé une croix dans une boîte d’argent, sous un coussin de soie — absolument comme nous — fit enlever les plaques d’orfèvrerie ornant le dessus de la croix, pour retrouver la relique. L’émail qui nous reste ne serait que le revers de cette croix, que Serge Ier fit apporter au Latran. Il remonterait donc au VIIe siècle. Et si l’on identifiait cette croix de Serge Ier avec celle du pape Symmaque (498-514), ainsi qu’on y est incité par certains rapports entre les deux passages du Liber Pontificalis. il faudrait faire remonter au VIIe siècle l’origine de ce précieux morceau. Sur la tranche de cette croix est tracée une inscription d’émail en capitales, où l’on peut encore lire : [VE]XILLVM CRVCIS — [R]EGINA MVNDI.

Après ces deux croix, qui sont appelées à prendre rang parmi les objets les plus célèbres conservés dans les musées d’Europe, il faut mentionner immédiatement le petit coffret d’argent ovale à couvercle bombé (fig. 8), mesurant 0m193 sur 0m065, portant sur ses parois les images du Christ et des apôtres. Pierre et Paul, et sur le couvercle deux anges vêtus de longues robes, la main symbolique et la colombe. Ce coffret est du même type que la capsella argentea africana d’Henchir-Zirara (Numidie), que le cardinal Lavigerie offrit jadis à Léon XIII et que de Rossi a publiée, en la datant du Ve siècle. Les reliefs y sont cependant un peu moins accusés, ce qui pourrait la faire considérer comme d’une époque légèrement plus récente.

Un autre coffret d’argent (fig. 8), mesurant 0m24 sur 0m19 et haut de 0m15, portant sur les quatre faces des figures de saints au repoussé,