Page:Revue de l'art ancien et moderne, juillet 1906.djvu/271

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SAINT-NICOLAS-DU-CHARDONNET EAU-FORTE ORIGINALE DE M. B. KRIÉGER ' EST un monument assez pauvre, en somme, que l'église Saint-Nicolas-du-Chardonnet, et qui, au surplus, n'a pas eu de chance : comme s'il ne lui suffisait pas de porter un nom que la moitié des Parisiens estropient et d'avoir, en ces temps où la façade joue un si grand rôle dans la vie des hommes et des monuments, une façade inachevée, le percement du boulevard Saint-Germain a dégagé son chevet disgracieux et lui a donné l'air de tourner le dos aux passants; si bien que, de quelque côté qu'on l'aborde, cette église, commencée au milieu du XVIIe siècle, sur les dessins de Lebrun, dit-on, n'a, pour retenir l'attention, ni majesté, ni grâce. C'est assez dire qu'elle n'a guère tenté les artistes. M. Kriéger, pourtant, a trouvé l'angle, assez peu favorable en appa- rence, sous lequel l'édifice prend un peu de caractère : il faut le regarder du haut de la rue des Bernardins et du côté où il est resté inachevé. Adossées à la lourde tour des cloches, des maisons basses se pressent au premier plan; plus loin, se profile le portail d'entrée, et plus loin encore, la perspective de la rue s'enfuit, dominée, tout au fond, par le clocher de' Saint-Gervais. Sur le tout, un soleil de Paris, qui durcit les lignes, et que M. Kriéger rend toujours bien, presque trop bien. E. D.