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notre reproduction, p. 27) et, très probablement, du duc Louis d’Orléans, frère du roi Charles VI. Dans le Propriétaire des choses, de Béraud Dauphin d’Auvergne, toutes les peintures sont de la main du maître des Heures de Boucicaut. C’est, au contraire, en se faisant seconder par des aides, mais en gardant toujours le rôle principal, que le maître a encore travaillé à divers autres volumes que j’énumérerai rapidement :

1o  Le Livre de Salmon, présenté au roi Charles VI (ms. français 23279 de la Bibliothèque Nationale), où trois peintures sont de notre artiste[1]. La plus importante, reproduite ici (p. 25), montre une vue de la résidence du roi de France, avec des portraits de Charles VI et du duc de Berry, ce dernier vêtu d’une houppelande noire brodée de cygnes d’or.

2o  Un superbe exemplaire du Trésor des Histoires (ms. n° 5077 de la Bibliothèque de l’Arsenal), ayant appartenu à un autre grand bibliophile du xve siècle, l’amiral Prégent de Coëtivy, comte de Taillebourg († 1450). Ce volume renferme aujourd’hui deux cent vingt-deux miniatures. Deux autres images, précisément de la main de notre maître, en ont été arrachées. Mais, par bonheur, la générosité de M. Jules Maciet a sauvé ces fragments en les faisant entrer au musée du Louvre.

3o  Le tome II d’une Bible historiale (ms. français 10 de la Bibliothèque nationale). La part personnelle du maître s’y réduit à une grande miniature frontispice en tête du volume, et une autre petite, qui suit la première.

4o  Une traduction française de Tite Live (ms. français 259 de la Bibliothèque nationale). Le maître y a exécuté trois miniatures frontispices, dans sa manière lâchée, en faisant usage du vestiaire oriental.

5o  Un bel exemplaire d’une traduction française de Boccace que j’ai admiré à l’époque de l’exposition des Primitifs français, entre les mains du grand et généreux amateur anglais, M. H. Yates Thompson.

Citons encore une Bible historiale du Musée Britannique (ms. royal 15. D. 3), mais en indiquant que, dans cette Bible, la part du maître est relativement très restreinte.

J’arrive enfin à une. dernière catégorie de volumes qui constituent peut-être, dans la totalité des œuvres du maître, la part la plus séduisante

  1. Ms. français 23279, fol. 1 v°, 53 et 60 v°.