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256 LA REVUE DE L'ART goût de Broederlam. Le compte prévoit exactement la quantité de toile blanche, de franges et de soie, d'or fin et d'argent, d'azur et de vermillon, de fil blanc pour coudre et de fil de fleurs pour les houppes, qui servira à la fabrication des luxueuses bannières destinées à éblouir les Frisons 1. Mais c'est d'autre chose qu'il s'agit ici. En l'année 1390, Philippe le Hardi, se trouvant en Flandre, admira fort « deux grans tables d'autel de boiz entaillées d'ymaiges et ouvrées de menus tabernacles sur yceulx ymaiges », qui étaient placées, l'une à l'église de Terremonde, derrière le grand autel, l'autre à l'abbaye de la Biloque, près de Gand. Il souhaita en avoir de semblables pour l'église de SIGNATURE DE MELCHIOR BROEDERLAM. Archives départementales de la Côto-d'Or, B, 389. la Chartreusede Champmol, et chargea Jacques de Baers, «  tailleur d'ymages dentourant audit Terremonde», de les lui faire « pareilles d'ouvraiges et d'ymaiges ». Sculptées, elles furent conduites à Dijon ; mais le duc, qui les voulait peintes et dorées, les renvoya en Flandre, et, vers la fin de février 1392, Broederlam s'engagea, « sans fraude et sans mal engIen », sur sa personne et sur ses biens, à les délivrer « paintes et assouvies bien et nettement au dit ouvriers aians en ce connaissance2 ». Absorbé par de multiples commandes, il ne les acheva qu'au début de l'année 1399. Alors il les enveloppa soigneusement avec de la toile cirée, les déposa dans deux grands coffres en ais d'orme cloués à clous ; puis il se rendit à Dijon, 1. De La Borde, op. cil., 1.1, p. 11-12. 2. Ces faits et ces dates résultent de deux pièces essentielles, extraites des comptes des trésoriers Amiot Arnaut et Josset de Halle, et citées par Dehaisnes, op. cil., t. II, p. 676, 719,