Page:Revue de l'art ancien et moderne, juillet 1906.djvu/319

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262 LA REVUE DE L'ART et Broederlam, « bien que nés dans le Nord », auraient été «très influencés par les milieux de Paris et de Dijon où ils séjournèrent », et ils seraient, après Beaumez, les chefs de cette école '. Il est impossible de parler ainsi, après ce que les documents puisés aux meilleures sources nous ont appris du lieu d'origine des peintres des ducs, des pays où ils se sont formés et où ils ont généralement travaillé. Les « relations suivies » de. Jean de Beaumez avec André Beauneveu se réduisent à une courte visite au château de Mehun-sur-Yèvre, et le séjour de Broederlam et de Maefweel à Paris n'a duré que quelques mois. Le mot « école » a un sens précis ; il désigne un milieu d'art où l'on s'est inspiré sans doute de l'enseignement du passé, mais où des principes nouveaux se sont introduits, développés, pour aboutir à quelque concep- tion originale, dont l'équivalent ne se retrouve nulle part ailleurs. Or, rien de pareil n'est arrivé en Bourgogne. Ni le Christ mort, attribué à Maelweel, ni la Mort de saint Denis, de Maelweel et Bellechose. ni le retable de Broederlam, confectionné à Ypres, ne sont, en quelque façon, des oeuvres bourguignonnes. Ces trois peintures sont dans ce que Courajod appelait « le courant international de l'époque » ; elles tiennent de l'école flamande, de l'école de Cologne, et beaucoup aussi de l'école italienne. Il en va de même des Retables de Ternant et d'Ambierle ; et quant à la Vierge au donateur et au Jugement dernier, ils sont hors de pair, mais flamands, et, jusqu'à preuve du contraire, nous devons tenir qu'ils ont été faits aux Pays-Bas - . Pour se convaincre, au surplus, que la Bourgogne n'a guère connu, en fait de peintures, que des produits ou du style d'importation, il n'y a qu'à voir ce qu'était l'art de peindre dans cette province avant l'arrivée de Jean de Beaumez. Sous les ducs capétiens, prédécesseurs des Valois, les archives nous livrent tout juste deux noms de peintres, ceux de maître 1. A.de Champeaux,art. cit., p. 40 et 140 surtout. — Voll.art. cit., p. 224-226. — Durrieu. l'Exposition des Primitifs français, dans la Revue de l'Arlancien et moderne, 1904, t. XV, p. 164-257. Lafenestre, l'Exposition des Primitifs français, dans la Gazelle des Beaux-Arts, 1904. 2. Il n'est pas un texte, pas un fragment de la comptabilité ducale ou privée, qui permette d'affirmer que Jean van Eyck et Roger van der Weyden aient séjourné à Dijon ou en Bourgogne. Je note ici cette bonne observation de M. Durrieu (art. cit., p. 411-412), à propos de « ce que l'on veut appeler l'école de Bourgogne », qu' « on a trop confondu la Bourgogne en tant que région et les ducs de Bourgogne. De ce qu'un artiste ait travaillé pour ces ducs, fût-ce dans leur duché même, il ne s'ensuit pas du tout qu'on doive le considérer comme un Bourguignon, en prenant le terme dans son sens géographique ».