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268 LA REVUE DE L'ART personnage qui se bouche le nez, dans les peintures de Beaune, devant le cadavre de Lazare, rappelle tout à fait celui du saint Joseph de Broederlam, épais et gêné en ses entournures, vidant sa gourde pour se donner des forces, avant de gravir la montagne, et dont la vulgarité contraste si étrangement avec la finesse d'Elisabeth, la grâce de Marie '. Est-ce à dire que cette localisation, dans une partie de la France, des oeuvres magistrales de l'art flamand, n'ait porté aucun fruit ? Il seraitpara- doxal de le prétendre. La vue de tant de beaux tableaux et les conseils de tant de maîtres éminents ne furent perdus certainement ni pour les habi- tants de la Bourgogne, ni pour ses visiteurs : vers la fin du xve siècle, deux peintres dijonnais, les Changenet, se distinguèrent assez pour être appelés à travailler au loin 2. L'initiative des ducs de la maison de Valois n'aboutit pas à la formation d'une école de peinture provinciale, mais elle favorisa le développement de l'école française de peinture. A. KLEINCLAUSZ 1. Le même geste, commandé par l'Écriture, se retrouve d'ailleurs dans une autre Résurrection de ÎMzare, de la même époque, reproduite dans Lafeneslre, l'Exposition des Primitifs français (Gazelle des Reaux-Arts, t. II, p. 75). 2. Sur Jean Changenet dit le Bourguignon et son frère Pierre, qui travaillèrent à Avignon et possédaient hôtel à Bijon, voir Archives municipales de Dijon, L. G64, G66, 072, et Kequin, Docu- ments inédits sur les peintres d'Avignon au XVe siècle, dans Réunions des sociétés des Beaux-Arts des départements, 1S89, p. 118-217 : l'Ecole aoignonnaise de peinture, dans la Reçue de l'art ancien et moderne, t. XVI (1901), p. 213. — Peut-être est-ce à des disciples des Flamands qu'il convient d'attribuer les peintures de l'église de Bagnot (Côle-d'Or), datées de 1484, et qui figurent le Jugement dernier, des donateurs et des saints.