Page:Revue de l'art ancien et moderne, juillet 1906.djvu/347

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286 LA REVUE DE L'ART des personnages, les formes, les attitudes, tout est élégant, tout concourt à l'effet décoratif. Il n'est pas jusqu'aux chevaux, dont ce Parrocel du xvic siècle n'ait fait quelque chose d'achevé et de séduisant, peut-être pour flatter les goûts du grand écuyer. qui avait orné sa galerie voûtée des «  figures retraictes au naturel des plus renommés chevaux du roy Henri deuxième du nom ». A première vue, on sent passer dans ces scènes gréco-romaines, cette ornementation en grotesque, ces grandes figures décoratives des cadres, comme un souffle d'Italie. L'artiste a vu les peintures du Rosso et du Primatice. peut-être même a-t -il travaillé sous leurs ordres à Fontaine- bleau; mais l'art transalpin n'a pas étouffé chez lui la tradition du moyen âge, et, à tout prendre, c'est au génie français qu'il faut faire honneur de cet ensemble unique de décoration Henri II. Nous n'avons donc aucune objection à faire.contre leur attribution à ce Noël Jallicr, qui, selon Fillon, reçut en 1550, à Oiron, 482 livres tour- nois pour quatorze «grandes hystoires». Mais comme, en l'absence du document original, dont nous n'avons jamais trouvé trace 1, le doute peut encore subsister, nous ne passerons pas sous silence une note d'un album du château, dressé avant 1745, par ordre du duc d'Antin, et qui donne le nom de Lebrun-. Il est impossible que les auteurs de ces planches, où Lepautre a dessiné de charmants cartouches, aient commis la lourde faute de songer au peintre de Louis XIV, mort depuis cinquante ans à peine, et nous avons peut-être là l'indication d'un artiste inconnu du xvie siècle. IV Le goût de Claude Gouffier pour l'art italien, superbement manifesté dans les fresques de l'Enéide, tenait aux traditions mêmes de la famille. Les premières sensations d'Italie avaient été rapportées par Artus de ses 1. On ne peut pas davantage faire état de la curieuse lettre d'Hélène de Hangest, analysée dans le catalogue des autographes B. Fillon, et qui n'a jamais figuré à sa vente. Elle mande à son'fils que les ouvriers ont achevé la chapelle du château du côté de l'évangile, mais que le travail pourra être arrêté faute de couleurs pour les peintures : « V a ung ded. ouvrier expert en l'art de dorure, qui fait mollures et grotesques au mieulx qui se porroit ; sy il avoit ors et colleurs la besongne irait grant train ; ayez cure de les envoier par messager especial le plus tost qui se pourra». 2. Cet album était, il y a quelques années, entre les mains de Mme la comtesse d'Olliamson, née de Policnac.