Page:Revue de l'art ancien et moderne, juillet 1906.djvu/393

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

324 LA REVUE DE L'ART Mais pourquoi refuser à Pierre, dans l'incertitude où nous nous trouvons sur la nature de ses travaux, le talent de peintre ? Quant au destinataire des peintures, sans doute représentant des portraits, la correspondance n'en dit mot, et il n'est plus question de cette livraison dans les lettres subséquentes. Très probablement, le marchand de portraits de 1636 doit être le même que celui de 1603. C'est ou Pierre II ou Daniel. Or, Pierre passe pour avoir eu des goûts assez nomades. Un Dumonstier est signalé à Turin en 1625 : Tallemant des Réaux en rencontre un à Rome en 1637 et Félibien en 1648. On a rappelé tout à l'heure que le même Félibien avait placé son décès à Rome, aux environs de l'année 1650. Ces fréquentes pérégrinations s'appliquent-elles au même artiste? On les attribue ordinairementà Pierre; mais si Daniel, retenu par son ménage, par sa nombreuse famille, par ses multiples travaux, n'avait pas le loisir de s'absenter aussi fréquemment, une partie de ces voyages pourrait peut-être être mise au compte de son fils Nicolas, envoyé en Italie pour y compléter ses études. Comment concilier d'autre part ces absences répétées et la réputation de brillant causeur, d'homme du monde répandu dans la meilleure société de son temps, dont Tallemant a conservé le souvenir en notant que Pierre avait, tout comme Daniel, une mémoire remarquable et récitait sans broncher mille vers d'un goût plus ou moins équivoque. Voici encore un détail biographique perdu dans un recueil peu répandu et donnant sur la situation de notre artiste de précieuses indi- cations. L'incident se place quelques années après son mariage. En 1618, Pierre Dumonstier, — et, cette fois, le texte du document ne laisse place à aucune incertitude, car il prend soin de spécifier que le Dumonstier en question est « filz et seul héritier de feu Estienne Dumonstier et de Marie Lesage, damoiselle, ses père et mère », — en 1618 donc, Pierre, qualifié peintre et valet de chambre du roi, demande et obtient la certifi- cation de criées, bannies et subhastations faites à sa requête d'une maison située à Clermont en Auvergne, saisie sur Gilbert Belot, faute de payement dessommesde4321. 1s.8d.etde1281. 3s. 9d.1. Adjudicationde 1. Nouv. arch. de l'art français, t. I, p. 188-190. C'est Anatole de Montaiglon qui a trouvé cette pièce dans les collections de Benjamin Fillon et l'a savamment commentée, en signalant les par- ticularités qu'elle contenait sur l'état-civil de notre Dumonstier,