Page:Revue de l'art ancien et moderne, juillet 1906.djvu/499

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.41 2 LA REVUE DE L'ART - sorte d'Italie romantique et disparue, comme la « plume- rouge » et 1 « habit de velours» de Fra Diavolo. Hébert, cousin de Stendhal, a toujours adoré l'Italie, celle d'autrefois, celle d'aujourd'hui. Beyle lui avait bien recommandé de se défier, à Rome, des femmes et « du jus de réglisse». Le jus de réglisse, pour l'auteur de la Chartreuse de Parme, c'était M. Ingres. Hébert m'apparaît comme un Italien des grands siècles qui aurait tout l'esprit d'un Parisien du xx°. Il écrit délicieusement, comme il peint. Et j'ai lu de ses lettres de jeunesse, où il nous donne l'idée d'un bel artiste laborieux, épris de solitude et de travail. Ah ! les chères années fécondes en ce pays d'élection et de rêve ! Je le surprends dans l'intimité de ces heures inoubliables en lisant les lettres de son compagnon de voyage en Italie, le paysagiste Edouard Imer (en 1853, trois ans après la Malaria), et entre autres une lettre adressée au grand paysagiste Jules Dupré, dont Hébert fut l'ami fidèle. Cette page retrouvée nous montre un Hébert jeune, vaillant — il l'est tou- jours — cherchant et poursuivant son rêve loin de Paris, loin de Rome même, dans les montagnes : «  Après avoir quitté Paris, je suis allé à Marseille, où j'ai passé l'été auprès de ma fille; Hébert y est venu et, le 23 septembre, nous sommes partis-ensemble pour Rome, où nous n'avons fait qu'un court séjour; de là, nous avons pris la route de Naples,que nous avons visitée en une quinzaine de jours, et nous avons planté notre tente à San Germano, petite ville dans l'Apennin, entre Naples et Rome. Voilà deux mois que nous y sommes, travaillant comme on peut le faire devant une belle nature et privés de toute distraction. Hébert est en train de terminer un beau tableau qui réunit les qualités du dessin et de l'expression à celles de la couleur et qui portera l'empreinte des circonstances dans lesquelles il aura été fait. Les oreilles doivent vous tinter souvent, car il n'est pas de jour où votre nom ne paraisse dans nos conversations. Nous regrettons à chaque instant que votre destinée ne vous ait pas poussé vers l'Italie et nous faisons des voeux pour que bientôt vous vous décidiez à mettre le pied sur cette terre qui attend votre pinceau. La campagne de Rome vous appelle ; elle est encore vierge, il lui faut une main puissante qui l'em- poigne d'une forte étreinte. Ceux qui l'ont courtisée n'ont réussi qu'à lui arracher quelques minces lambeaux de. son vêtement. Vous seul êtes