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LES PRIMITIFS ESPAGNOLS 425 par personne dans le cloître où ils étaient relégués avant de prendre place, vers 1805, à Richmond, dans la collection désir Frederick Cook. D'importants panneaux espagnols, qui viennent de Cologne et d'ailleurs, se trouvent aujourd'hui au Louvre, au musée des Arts décoratifs, dans la collection de M. Martin Le Roy : d'autres (dont l'un était signé par Pedro de Cordoue et daté de 14751) ont été vendus naguère à Paris, avec la collection Pacully2. Une Adoration des Mages, signée par le fils de Mestre Rodrigo 3, et que Passavant avait vue à Valence vers 1850, a passé au musée de South-Kensington;le même musée possède un gigantesque retable provenant de Catalogne. Si d'an- ciens tableaux flamands sont encore perdus dans les églises d'Espagne, il y a tout au moins un vieux tableau espagnol qui se trouve égaré dans une église des Flandres, et non l'une des moindres : la cathédrale d'Anvers. C'est un retable consacré à saint Michel et aux anges, qu'un marguillier de la cathé- drale acheta, il y a une vingtaine d'années, comme une oeuvre de l'école de Cologne. Les inscriptions peintes sur les banderoles que portent les anges sont en pur catalan 4. Ce qui reste de l'ancienne peinture espagnole dans les collections européennes n'est rien, sans doute, en comparaison de ce qui a été acheté au hasard pour l'Amérique. Un retable catalan de Saint Dominique a passé à New-York, dans le Musée Métropolitain; une étrange princesse d'Aragon, qui a les attributs de Sainte Engracia, patronne de Saragosse, est à Boston, dans la collection Gardner. Cepen- dant, jusqu'ici, «le primitif» espagnol n'a été exporté que sous l'étiquette de primitif flamand, ou bien comme une sorte de bibelot chargé d'or et compagnon des ivoires moresques, des émaux de Limoges, des ornements d'église, des tentures de procession, de tous les ouvrages précieux ou curieux qui sortent d'Espagne par caisses pleines, sans appauvrir sensi- blement les inépuisables réserves d'art ancien qu'a léguées à ce pays un passé prestigieux. S'il est des régions comme la Galice et les Asturies, qui, demeurées 1. Ce Pedro est l'auteur d'un grand retable, peint en 1475, et qui est resté dans une chapelle de la cathédrale de Cordoue,près du Mirliab de l'ancienne mosquée. 2. Les panneaux et bannières de la collection Schewitch étaient insignifiants. 3. Maître Rodrigo n'était connu jusqu'ici que par son fils. Je viens de retrouver une oeuvre signée de ce peintre valencien, à Valence même, dans l'église de San Nicolas, où le tableau était perdu dans un recoin obscur. C'est une Crucifixion, peinte dans les dernières années du xv° siècle. On peut lire sur un papier jeté à terre, au pied de la Croix : Rodrigus de Vcia me pinlavit. 4. Je dois ce renseignementcurieux et inédit à mon ami M. Sanpere y Miguel. LA HEVDE DE L'ART. — XX. 54