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446 LA REVUE DE L'ART de l'Egypte protodynastique, à ses dernières oeuvres, antérieures de peu à l'invasion dorienne, témoigne d'une remarquable unité, il n'en a pas moins évolué d'une façon continue, et l'observation attentive de ces dépôts a permis précisément de reconstituer le progrès de cette évolution et d'y distinguer plusieurs périodes. Il y a plus — et c'est où j'en voulais venir — on a constaté que les ruines dégagées ne formaient pas un tout homogène, qu'il n'y avait pas un palais, mais plusieurs, qui s'étaient superposés au même endroit. Au vieux palais crétois 1, qui, à Cnossos, fut détruit entre 1500 et 1300, appartiennent en propre la grande cour centrale, dont j'ai parlé plus haut, et certains types de salles et certains motifs d'architecture, qui ont pu se conserver à l'époque suivante, mais qui ont leur origine dans celle-ci. Ce sont, en premier lieu, les salles que M. Evans appelle « halls à colonnade » ; elles offrent cette particularité d'être limitées sur deux ou trois de leurs côtés, non par un mur plein, mais par un rang de piliers précédé d'un rang de colonnes. En réalité, ces piliers ne sont autre chose que des pieds- droits de portes : fermées, ces portes constituent une cloison très suffisante : ouvertes, elles laissent librement pénétrer l'air et la-fraîcheur, tandis que le toit et l'auvent — porté sur les colonnes extérieures — arrêtent tous les rayons du soleil. Cette disposition n'est pas sans analogie avec celle qu'on peut obtenir dans une tente, en en relevant les pans latéraux et en les soutenant sur des piquets, pour aérer l'intérieur tout en le laissant à l'ombre, et M. Doerpfeld observe avec raison que, si l'origine en peut être cherchée de ce côté, elle contient d'autre part en elle-même le principe du temple périptère. Un "autre élément caractéristique de l'ancien palais crétois est la salle de bains : elle comprend, en général, deux parties inégales, reliées par un escalier de quelques marches; la plus petite renferme un bassin revêtu de dalles de gypse. Il est difficile de dire si l'on se baignait à même dans ces bassins, qui ne semblent pas très étanches et n'ont de conduites ni pour l'adduction ni pour l'écoulement des eaux ; peut-être étaient-ils seu- 1. Je résume ici les vues que M. Doerpfeld a récemment exposées: Krelisclie, mykenisclie tind komerische palaeste, dans les Athenische Milteilungen, XXX, 1905, p. 257. Elles ont été tout récem- ment contestées par un des collaborateurs de M. Evans, M. D. Mackenzie, dans un mémoire dont la première partie seule a paru (Crelan palaces and llie Aigean civilization, dans VAnnual of llie British School at Athens, XI, 1904-1905, p. 181).