Page:Revue de l'art ancien et moderne, juillet 1906.djvu/561

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

460 LA REVUE DE L'ART Louis XÏII », d'Alphonse Royer en «Écossais, chef de clan», un joli page imberbe,-à l'oeil vif, à la lèvre charnue, portant surcot à manches fendues et haut-dè-chausses bouffants, une toque en bataille sur ses cheveux bou- clés, est censé représenter un « costume allemand du xvi° siècle » : on y veut voir Alfred de Musset à dix-neuf ans. Il en avait à peine vingt et un, quand David d'Angers lui offrit l'éton- nant médaillon où il est vu de trois quarts, « entouré d'une auréole de cheveux bouclés, le col nu, beau comme un jeune dieu, avec un grand air byronien : on dirait l'Apollon romantique 1 ». Or, cette image idéalisée serait, au dire de Paul de Musset, le seul portrait, avec celui de Landelle, donnant « une idée juste du poète » : «  Les autres portraits, ajoute-t-il, quel que soit le talent de leurs auteurs, ne peuvent qu'égarer le souvenir des amis du modèle, et donner de sa per- sonne une idée fausse ou incomplète à ceux qui ne l'ont jamais vu 2 ». Il semble pourtant qu'une exception s'impose en faveur d'un dessin d'Eugène Lami, aujourd'hui conservé au musée de la Comédie-Française, qui l'a reçu d'Alexandre Dumas fils 3. C'est un crayon, légèrement rehaussé de sanguine et daté de 1841. Musset y est représenté en pied, de profil à droite ; il est tête nue, en frac à collet de velours et pantalon rayé : la main gauche est passée derrière le dos : le chapeau, tenu renversé dans la main droite, s'appuie sur la hanche: au demeurant, un simple croquis spi- rituellement enlevé, — à l'insu du modèle peut-être, — mais que l'on sent qui doit être ressemblant. Or, depuis le médaillon de David d'Angers, Alfred de Musset a modifié sa coiffure : à ses longs cheveux, naturellement bouclés, rejetés en arrière et partagés par une raie, le chapeau a donné une ondulation caractéris- tique ; en outre, il porte maintenant les moustaches et une courte barbe arrondie. En un mot, il a, comme tous les grands hommes, sa «tète clas- sique», que fixera définitivement le pastel de Charles Landelle. 1. Théophile Gautier {Moniteur Universel, k mai 1868). — Le médaillon en bronze, daté de 1831, est au musée David, à ADgers. 11 a été plusieurs fois gravé (voir Maurice Clouard, Op. cit., p. 5). 2. Biographie d'Alfred de Musset, éd. 1884, p. 336. . 3. Ce portrait a figuré, en 1878, à l'Exposition des portraits nationaux : il porte le n° 798 du cata- logue, avec ces indications : h. 0-25 ; 1. 0°15. Or, sur le catalogue du musée de la Comédie-Française par M. Monval, il figure au n° 465, avec la mention : h. 0TM42 ; 1. 0"34. — 11 n été reproduit plusieurs fois, et notamment gravé en fac-similé à l'eau-forte par Legénisel.