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Page:Revue de l'art ancien et moderne, juillet 1906.djvu/91

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LA REVUE DE L'ART 68 eu tait, vers le même temps, la porte délia Pescheria du Dôme de Modène. Elle ne laisse. en effet, aucunement percevoir, dans son Roman d'Arthur, la moindre lueur de réalisme; Nous sommes en plein canon artistique, que nous devons rapprocher de la frise de la cathédrale d'Angoulème : toutes les deux si proches parentes, si étrange- ment ressemblantes, que, dans une autre occasion, je tenterai de rechercher la pensée qui les unit, dans leur conception comme dans leur- exécution. Ainsi, il semble bien que nous ne puissions demander à l'art de l'Italie de traces de retour à l'étude de la nature antérieures à cette porte de bronze anonyme de San Zeno de Vérone, du milieu du XIIe siècle. Il est intéressant, dès lors que là nous avons des limites absolument précises, d'étudier non seulement par les monu- ments, mais par leurs noms mêmes, que les artistes ont cru devoir léguer à la postérité, la situation artistique de la France à cette même époque. Je n'ai nullement l'intention d'accumuler ici les maté- riaux : je suis convaincu que les articles les plus courts, mais soigneusement documentés, sont les plus persuasifs : je me contenterai donc de réunir ici quelques monuments que je crois égalementindiscutables. Saint-Sernin de Toulouse nous fournit deux sculptures du XIIe siècle., d'un intérêt considérable. C'est-d'Abord un corbeau, sur lequel est posée la statue d'un apôtre. De quel ciseau, maître de lui. sont exécutés cet homme barbu et ces deux femmes si extraordinairement réalistes, montées sur deux chimères qu'elles semblent dompter! Quelle expres- sion dans leurs figures, un peu inspirées de l'art hindou, quels gestes souples dans leurs membres jeunes et potelés, si gracieusementproportionnés ! Et je vois, à en rapprocher immédiatement ce chapiteau de. la même église fig. 9 . où. dans la partie supérieure des corps, la copie de la nature me semble ne jamais avoir été surpassée. Mais ici, aucune date précise, aucun nom ne viennent se révéler à nous. Au contraire,une curieuse tète de Zamora, — que M. M. Dieulafoy FIG. 4. STATUE DU PORTAIL OUEST DE LACATHÊDRALE DECHARTRES SIGNÉE « ROGERUS ». va prochainementpublier et qu'il a bien voulu me permettre d'examiner, — qui sort si vivante d'un portail. oeuvre des Clunisiens, antérieure à 1174 1 , est au moins aussi curieuse que celle de Bari, qui lui est assurément postérieure. Mais nous demeurons encore dans le domaine des entités : nous parlons du XIIe siècle, nous interrogeons des oeuvres monastiques. Précisons davantage. C'est à peine si, jusqu'ici, on a fait état des statues de Saint-Gilles d'Arles, dont 1. Don Cesareo Fernandez Duro, l'éminent secrétaire perpétuel de l'Académie royale de l'histoire d'Espagne, a bien voulu me donner ces renseignementssi intéressants.