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76 LA REVUE DE L'ART manifeste en Piémont et dans le Montferrat, et, que les artistes sculpteurs de Provence et de Bourgogne eurent ainsi une réelle influence sur lui. Qu'est-ce à dire, sinon que l'art, français, pour M. Venturi lui-même, est antérieur à l'art italien ? Mais nous avons été trop vite. Dans son Histoire de la Renaissance 1, Eug. Mûntz, à propos de Nicolà Pisano, nous rappelle « que la sculpture italienne se montre inférieure à la sculpture française de la même époque ,1. N'avons-nous pas vu, au début de cette étude, Helbig affirmer qu' «  à la même époque (aux xnc et xinc siècles), les artistes français taillaient des chefs-d'oeuvre incontestablementsupérieurs aux sculptures italiennes » '! Puis, c'est M. Ém. Bertaux, qui, après avoir célébré la sculpture monumentale qui ressuscite en France vers l'an 1100, dans l'Ile-de-France et l'Auvergne, imprime dans l'Art dans l'Italie méridionale 2 : Une autre influence du Nord se laisse reconnaître après le siècle des Othon, c'est-à-dire au com- mencement du xiii 0 siècle, depuis les Abruzzes jusqu'à la Calabre, c'est l'influence de l'art français. En 1904, Venturi, enfin, constate, que dans l'admirable cloître de Sant Orso, qui date de 1133, on peut reconnaître les traces de l'importation de l'art français 3. Il faut avouer que ce n'est encore que de l'art purement roman, mais à la page 92, quand il parle du XIIIe siècle, — nous sommes donc au début de la Renaissance. — il montre l'infiltration de l'art français en Piémont, en Montferrat, en Ligurie, et la fusion (la fusione) du style gothique français et des formes indigènes. Somme toute, ce sont ces auteurs que M. Lafenestre résume dans l'étude brillante que je signalais aux premières pages de mon travail, et je n'y lis pas. sans un plaisir vraiment très intense, les lignes suivantes, écrites par le maître, sur les désespoirs de Paulin de Nole et de Rutilius Numatianus, au moment de l'invasion des Goths d'Alaric : N'est-il pas intéressant de voir l'un d'eux, le chrétien, l'homme de progrès moral, pressentir pour l'art futur l'idéal, d'expression vivante, naturelle, humaine, qui devait plus tard, après huit siècles d'engourdissement ou de tâtonnements, refleurir d'abord, par l'amour de la nature et le besoin de beauté, dans son pays natal, sur celle même terre des Gaules, restée toujours et malgré tout obstiné- ment latine, sous l'apport fécondant des alluvions germaniques et Scandinaves. Paulin de Noie naquit en 353, à Bordeaux ; il fut ordonné prêtre en 398 : huit siècles plus tard nous portent donc aux environs de 1190. M . Lafenestre signale que c'est à ce moment, dans son pays natal, que l'art va d'abord refleurir. Un peu plus loin, il mentionnera enfin que La conception occidentale, celle du premier christianisme, alliance harmonieuse de vérité et de 1.T.I,p.492. 2. Paris, Fontemoing, 1904, in-4o, p. 810. 3. T. 111, p. 72.