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Page:Revue de l'histoire de Versailles et de Seine-et-Oise, année 1919.djvu/121

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translation des cendres du général hoche.

entraînants, puis une nouba nous envoie ses notes stridentes. Ce sont, en effet, les troupes noires qui nous donnent cette aubade, et ce sont des spahis, drapés dans leurs manteaux rouges, avec leurs carabines en sautoir, leurs sabres au clair, sur leurs petits chevaux blancs coiffés de la bride à œillères, qui leur font escorte. Quelle vision que tous ces enfants venus des plus lointaines contrées de notre domaine africain, qui, pendant quatre années, ont versé leur sang pour la France et qui aujourd’hui se baignent et font boire leurs chevaux dans les eaux du Rhin ! On sait quel lien puissant unit le général Mangin à nos troupes noires, qu’il a menées si vigoureusement au combat. Déjà, pendant le dîner, nous avions été frappés par la physionomie d’un de ces colosses d’ébène qui, dans ses fonctions de maître d’hôtel, apportait la rectitude et le zèle attentif d’un serviteur dévoué.

Mais la soirée prend fin, le départ du lendemain devant avoir lieu aux premières heures de la matinée. Je reprends le chemin de la maison où l’un de mes parents, affecté à la xe armée, m’a fait réserver une chambre. Sans rien dire qui puisse me faire méconnaître ce que je dois à l’hospitalité, j’avouerai ma surprise en trouvant un lit qui, avec ses oreillers sans traversin, son drap de dessus boutonné au couvre-pied et son édredon, contrariait mes habitudes de sommeil.

Il ne devait pas les contrarier longtemps.

Journée du 7 Juillet.
Coblence et Weissenthurm.

La journée du lundi 7 s’annonce par une tiède matinée, au soleil légèrement voilé. Au-dessus du Rhin flotte une brume transparente estompant les contours des arbres, des villages qui émergent des pentes douces tombant sur le fleuve. Par mes fenêtres ouvertes, j’entends la sonnerie si distinctive de nos clairons ; cette musique française, retentissant en terre allemande, ne me rend que plus dispos. Ce sont les troupes commandées pour les honneurs qui traversent la ville et se dirigent vers le port, où le maréchal Foch est attendu pour 7 h. 30.

Le casino des officiers, établi dans l’ancien casino allemand de la Schillerplatz, reçoit nos bagages, que des automobiles