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Page:Revue de l'histoire de Versailles et de Seine-et-Oise, année 1919.djvu/161

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les souvenirs de m. j.-a. le roi.

allons chercher des journaux que nous lisons avidement. Hélas ! je n’ai plus de recours qu’en Dieu.

Dimanche 11.

Après la lecture des journaux, je vais voir passer la revue de la garde nationale sédentaire qui vient de se former. L’officier du génie chargé ici d’exécuter les ordres du gouverneur de Paris m’explique que toutes les routes sont coupées, les ponts préparés à sauter ; demain, les voitures ne pourront plus passer…..

Lundi 12.

Encore une journée semblable aux autres. Le Gaulois parle d’un armistice comme chose probable. Espérons !….. Nous faisons des provisions en vue d’une occupation et parce que voilà toutes les routes coupées. Oh ! mon Dieu, pourquoi donc nous faire supporter les peines dues au misérable homme qui nous a jetés dans cette horrible position ? G… a dîné aujourd’hui avec moi ; il couche encore chez lui, à cause de ses malades, mais, lorsque l’ennemi sera ici, il couchera chez moi. Rien de nouveau dans les journaux.

Mardi 13.

Toujours la même situation, toujours la même angoisse….. Aujourd’hui, on a placé une sentinelle de la garde nationale à la porte de la Bibliothèque. Je suis resté presque toute la journée renfermé à travailler, et quand je suis sorti sur les 4 heures, la ville m’a fait peine à voir : tous ces gens allant et venant sans but, se réunissant pour savoir des nouvelles ; des soldats de toutes armes parcourant isolément la ville ; des escadrons de lanciers, de cuirassiers promenant leurs chevaux ; et, au milieu de ce brouhaha, des sergents de ville arrêtant les voitures vides pour les forcer à aller aux magasins à fourrages pour les enlever, et des conscrits appelés, avec des rubans, parcourant la ville par groupes, à moitié avinés et chantant à tue-tête : tout cela, tout ce désordre m’a profondément attristé, et je suis rentré chez moi, presque résolu à ne plus sortir. Après avoir dîné avec G…, nous avons été chercher le journal ; rien de nouveau.